Avis de gros temps pour Olivier Faure. Le premier secrétaire présentait au bureau national du PS, mardi 26 mars, les noms retenus de socialistes pour figurer sur la liste commune avec Place publique, emmenée par Raphaël Glucksmann pour les élections européennes. Assuré jusqu’alors d’une majorité confortable, il a vu celle-ci le contester lorsque les différentes sensibilités ont découvert les choix opérés par la commission électorale.

C’était en effet l’heure de vérité pour les caciques socialistes. En acceptant l’alliance avec M. Glucksmann, le PS avalisait une liste où il n’aurait que 50 % des candidats présentés au scrutin du 26 mai.

Alors que les sondages donnent des projections de vote oscillant entre 6 % et 7 %, le nombre de sièges éligibles varie entre six et huit. Or il faudra partager cette éventuelle maigre moisson à venir avec Place publique mais aussi Nouvelle Donne, l’Union des démocrates et des écologistes et la dissidente de Génération.s, Aurore Lalucq. Présenter une liste en sachant qu’il ne restait plus que trois à quatre sièges éligibles aux socialistes était un rude exercice pour la direction.

Première victime, Christine Revault d’Allonnes, présidente de la délégation socialiste française au Parlement européen, qui n’a pas été retenue. La sortante a démissionné de sa fonction jugeant, dans un communiqué, que « la promesse du congrès de ne plus prendre en compte les très anciennes allégeances aux très anciennes sous sensibilités n’a pas été tenue, pas plus que celles de prendre en compte l’investissement et le travail ».

D’autres figures ont été placées trop loin sur la liste à leur goût comme Jean-Marc Germain, un proche de Martine Aubry, positionné à la cinquième place. Le protégé de Luc Carvounas, François Kalfon, ayant été lui relégué en dix-septième position. Ces deux derniers ont donc voté contre la liste.

Jongler avec les critères retenus

La commission électorale a dû jongler avec les critères retenus par la direction (parité, diversité régionale, renouvellement) et l’équilibre interne des sensibilités. Deux sortants incontestés ont été placés en tête : Eric Andrieu, président de la commission sur les pesticides issus de la région Occitanie, et Sylvie Guillaume, vice-présidente du Parlement européen et originaire d’Auvergne-Rhône-Alpes. Les deux suivants représentent des fédérations qui comptent encore : Christophe Clergeau des Pays de la Loire et Nora Mebarek de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Cette dernière, conseillère municipale à Arles, fait aussi partie du courant de Laurent Baumel, ancien frondeur désormais allié à Olivier Faure.

Le premier secrétaire du PS a vu les deux minorités – les amis de Stéphane Le Foll mais aussi ceux de Luc Carvounas – voter contre sa liste mais aussi les proches de Martine Aubry qui avaient pourtant, une semaine avant, soutenu sa démarche d’alliances. Le ton est monté. Le Breton Vincent Le Meaux, s’estimant mal loti à la neuvième place, s’est retiré de la liste.

Olivier Faure, lui, veut tenir. « Il faut rester zen. Ce jeu de rôle n’a aucun sens. Nous avons cherché à représenter aux mieux les socialistes et leurs différentes régions », assume-t-il. Le numéro un socialiste s’en remet désormais aux militants qui doivent se prononcer par un vote interne le 2 avril.