Ce sont les premiers chiffres du désastre. Le média Témoignage chrétien a demandé à l’institut de sondage Odoxa de mesurer les conséquences, dans l’opinion, des affaires de violences sexuelles au sein de l’Eglise. Publiées mercredi 27 mars, les réponses des 1 001 personnes majeures interrogées (48 % d’entre elles se disant catholiques, dont 14 % pratiquantes au moins occasionnelles) sont sans doute d’autant plus accablantes qu’elles ont été recueillies les 20 et 21 mars, juste après l’annonce du refus du pape François d’accepter la démission du cardinal Philippe Barbarin.

D’ailleurs, les chiffres parlent d’eux-mêmes : 65 % des Français pensent que le pontife argentin gère mal cette crise. Mais c’est aussi le cas d’une majorité de catholiques (58 %), et mêmes des catholiques pratiquants (51 %).

« Grave crise »

Mais c’est bien l’opinion portée sur toute l’institution ecclésiale qui apparaît dégradée par les affaires de pédophilie et d’agressions sexuelles. Même si 43 % en conservent une bonne opinion, une majorité (56 %) de sondés ont aujourd’hui une mauvaise opinion de l’Eglise. C’est 24 points de plus que dans un sondage de 2010, souligne Témoignage chrétien. Cette mauvaise image est même partagée par 4 personnes sur 10 se définissant comme catholiques, et même par un cinquième des pratiquants.

Les personnes interrogées disent que l’image qu’elles se font personnellement de l’Eglise (62 %) et des ecclésiastiques (69 %) s’est dégradée à la suite des affaires de violences sexuelles. C’est aussi le cas des pratiquants, concernant l’Eglise (44 %) comme les ecclésiastiques (56 %).

Parle-t-on trop de ces affaires ? Cette opinion, parfois entendue chez des catholiques, ne serait en réalité pas si répandue. Elle est partagée par 32 % des pratiquants, 19 % de l’ensemble des catholiques et 15 % du total. Un sondage du même institut pour Le Parisien, en mars 2016, indiquait que ces affaires étaient « surmédiatisées » pour 41 % des Français et 67 % des pratiquants. Aux yeux de 83 % des Français, 87 % des catholiques et 82 % des croyants, il s’agit de l’« une des crises les plus graves que l’Eglise ait traversées ».

La publication catholique a testé auprès de l’échantillon des propositions de réformes, demandant aux sondés si selon eux elles seraient efficaces pour éviter de nouvelles affaires de pédophilie et d’agressions sexuelles. « Autoriser le mariage des prêtres » est plébiscité par 88 % des catholiques et 78 % des pratiquants (85 % de la population totale). Plus ces répondants sont âgés, plus ils y sont favorables. 79 % des catholiques et 68 % des pratiquants sont en outre favorables à l’ordination des femmes.

L’idée de donner plus de pouvoir aux laïcs dans l’Eglise divise davantage : elle est cependant approuvée par 56 % des catholiques et 43 % des pratiquants. Ils sont plus nombreux (66 % et 64 %) à souhaiter un pouvoir renforcé pour la hiérarchie afin de « mieux contrôler les prêtres ».