Les institutions françaises ne s’en cachent pas : l’arrivée de nouveaux concurrents issus de monde de la tech sur le marché bancaire les effraie et cela justifie les milliards d’euros investis dans leurs systèmes informatiques, afin d’être à l’heure de la révolution numérique. Une étude du cabinet Bain & Company, publiée mercredi 27 mars, vient confirmer qu’elles ont raison de se faire du souci.

Premier péril : les clients ne se montrent plus aussi fidèles que par le passé. En 2018, près de 5 % d’entre eux ont changé de banque principale – soit deux fois plus qu’en 2014, indique Bain. Chez les 25 à 34 ans, ils sont même 7 % à avoir clôturé leur compte pour passer à la concurrence.

« Un risque d’éclatement de la relation »

Cette nouvelle mobilité a surtout profité aux banques en ligne. Selon l’étude, celles-ci ont gagné 14 % de clients par an (dont elles sont devenues la banque principale) au cours des trois dernières années. Les grandes banques commerciales n’ont, elles, cessé de perdre des parts de marché. Le danger ne vient toutefois pas de ces acteurs en ligne, qui appartiennent pour la plupart aux grandes institutions. Boursorama (1,7 million de clients) est, en effet, filiale de la Société générale, tandis que Hello bank ! (400 000 clients) et Nickel (1,2 million de comptes) sont la propriété de BNP Paribas.

Mais la volatilité de la clientèle passe aussi par l’achat de produits financiers à des acteurs non bancaires : les fintech (start-up de la finance), les opérateurs de télécoms, les géants de la grande distribution ou les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple), alors que la firme à la pomme vient d’annoncer le lancement d’une carte de crédit aux Etats-Unis. 70 % des clients « jeunes et aisés » (les « millennials premium »), les plus convoités par la profession bancaire, se disent désormais prêts à se tourner vers ces enseignes rivales des banques. D’où « un risque d’éclatement de la relation » bancaire, prévient le cabinet Bain.

Un indicateur est de nature à rassurer les banques : les clients ont essentiellement recours aux Fintech pour des besoins ponctuels, mais seuls 4 % d’entre eux se disent prêts à leur confier leur épargne. « Les banques disposent encore d’un capital confiance, c’est leur dernier rempart, estime Julien Bet, chez Bain & Company. Mais pour combien de temps encore ? »