Alexandre Benalla, le 26 février, à la sortie de la prison de la Santé, à Paris. / JACQUES DEMARTHON / AFP

Les sept enregistrements clandestins diffusés par Mediapart fin janvier, présentés comme un dialogue entre Alexandre Benalla et Vincent Crase en violation de leur contrôle judiciaire qui leur interdisait tout contact, n’ont fait l’objet d’aucun « montage ». C’est la principale conclusion du rapport d’expertise de la police scientifique, remis le 21 février dernier, dont le site d’informations se fait écho, mercredi 27 mars.

Ce rapport d’une vingtaine de pages ne confirme pas formellement que les voix entendues sur l’enregistrement sont bien celles de l’ancien collaborateur du président de la République et de Vincent Crase, tous deux mis en examen dans l’affaire des violences du 1er Mai. Mais il « renforce » toutefois cette hypothèse. « Pour arriver à ces conclusions, les experts ont comparé les voix avec celles de Benalla et Crase lors de leurs auditions par le Sénat le 21 janvier à l’aide du logiciel Batvox », rapport Mediapart.

La police scientifique affirme en outre privilégier la piste d’un « enregistrement par un dictaphone ou un smartphone », sans pouvoir exclure « formellement » une sonorisation d’appartement. Elle dément en revanche la possibilité d’un son qui aurait « transité par une ligne téléphonique » – excluant de fait la piste d’une écoute téléphonique.

Placement en détention provisoire

Les enregistrements sonores diffusés par Mediapart étaient embarrassants à plus d’un titre pour Alexandre Benalla et Vincent Crase. Ceux-ci les plaçaient dans la même pièce, à Paris, le 26 juillet 2018. Les bandes laissaient entendre que les deux hommes ont discuté de l’opportunité de dissimuler et de détruire des preuves pour compliquer le travail de la justice – un délit passible de trois ans de prison et 45 000 euros d’amende.

En outre, leur simple rencontre constituait une infraction à leur contrôle judiciaire, qui leur interdisait d’entrer en contact en raison de la procédure judiciaire en cours. Un écart qui a conduit la justice à les placer en détention provisoire, le 19 février. 

Mais, une semaine après cette décision, les deux hommes avaient finalement été remis en liberté par la cour d’appel de Paris, contre l’avis du parquet général. L’instance avait argué du fait que les « indices concordants d’une rencontre » ne permettaient pas d’établir « le caractère certain de la violation alléguée », étant donné « leur nature », les « conditions dans lesquelles ils ont été recueillis » ou « leur caractère provisoire et hypothétique ».

Perquisition à « Mediapart »

La diffusion de ces enregistrements par Mediapart avait valu l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet de Paris pour les chefs « d’atteinte à l’intimité de la vie privée » et de « détention illicite d’appareils ou de dispositifs techniques de nature à permettre la réalisation d’interception de télécommunications ou de conversations », autrement dit sur les conditions dans lesquelles cet enregistrement a été réalisé.

Une tentative de perquisition avait eu lieu au sein du site d’information Mediapart, lundi 4 février. Deux procureurs du parquet de Paris (qui représente l’autorité judiciaire) s’étaient présentés à 11 h 10, accompagnés de trois policiers, pour perquisitionner la rédaction. Mais les journalistes s’y étaient opposés au nom de la protection du secret des sources.

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