Un policier tient un LBD 40 lors d’une manifestation de « gilets jaunes », le 23 février à Paris. / ZAKARIA ABDELKAFI / AFP

En pleine polémique sur la répression policière des manifestations de « gilets jaunes », la décision du tribunal administratif de Montpellier risque de faire réagir. L’instance a condamné l’Etat à verser 47 700 euros à un supporteur du Montpellier Hérault Sport Club, éborgné par un tir de lanceur de balles de défense en 2012, a-t-on appris, mercredi 27 mars.

La justice a ainsi reconnu que Florent Castineira, qui a perdu l’usage de son œil droit, a subi des « préjudices imputables » à « l’intervention des forces de l’ordre lors de la journée du 21 septembre 2012 ». L’Etat devra également verser 1 500 euros au titre des frais de justice engagés par la victime.

Pour le calcul de l’indemnisation des préjudices, le tribunal précise avoir tenu compte du fait que le supporteur avait déjà reçu 15 000 euros en mai 2015 de la part du Fonds de garantie des victimes d’actes de terrorisme et d’autres infractions (FGTI). L’Etat est également condamné à rembourser cette somme au FGTI.

Sur le plan pénal, un juge d’instruction avait clos le dossier en 2017 par un non-lieu et aucune poursuite n’avait donc été engagée contre le policier auteur du tir. Mais, en octobre 2018, le tribunal administratif de Montpellier avait estimé que l’Etat était « civilement responsable » des blessures du supporteur appartenant au groupe ultra La Butte Paillade, survenues dans le cadre d’une opération de maintien de l’ordre le 21 septembre 2012, quelques minutes avant un match de Ligue 1 à Montpellier contre Saint-Etienne.

Requête devant la justice européenne

Florent Castineira a toujours assuré avoir ce jour-là été assis à proximité du stade, dans le quartier Paillade-Mosson, lorsqu’il avait été blessé par la police, qui prenait en chasse un homme qui s’était réfugié dans la foule.

En février dernier, lors d’une audience consacrée au montant de l’indemnisation du préjudice, l’avocat de la victime, Me Etienne Noël, avait réclamé près de 140 000 euros pour son client tandis que le rapporteur public avait fixé le montant à 60 000 euros.

Florent Castineira est très mobilisé au sein d’une « assemblée des blessés » qui dispense des conseils aux « gilets jaunes » victimes de tirs de LBD 40 et au sein du collectif « Désarmons-les » qui milite contre les « violences d’Etat ». Le supporteur a également déposé une requête devant la Cour européenne des droits de l’homme.

De la Commune aux « gilets jaunes », pourquoi le maintien de l’ordre est si difficile
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