Un commando des forces spéciales a été dépêché à bord « pour rendre le contrôle du bateau au capitaine » et l’escorter jusqu’à Malte. / DARRIN ZAMMIT LUPI / REUTERS

L’Elhiblu-I, un pétrolier ravitailleur détourné par des migrants en Méditerranée, est sous contrôle. La marine maltaise a annoncé jeudi 28 mars au matin avoir pris le contrôle du navire. Il avait été dérouté par les migrants qu’il avait secourus mardi soir au large de la Libye. Le pétrolier est arrivé vers 9 heures à Malte, après qu’un commando de la marine maltaise en a repris le contrôle dans la nuit.

L’Elhiblu-I, qui bat pavillon de Palau, avait secouru ces migrants mardi soir et faisait route pour Tripoli pour les débarquer quand il a subitement mis cap au nord mercredi matin. « Ce ne sont pas des naufragés mais des pirates », avait dénoncé le ministre de l’intérieur italien, Matteo Salvini (extrême droite), prévenant que le navire ne serait pas autorisé à pénétrer dans les eaux italiennes.

Toutefois le navire avait mis le cap sur Malte, où la marine a pu entrer en contact avec le capitaine quand il était à 30 milles (55,56 km) des côtes :

« Le capitaine a répété plusieurs fois qu’il n’avait plus le contrôle du navire et que lui-même et son équipage étaient forcés et menacés par un certain nombre de migrants exigeant qu’il fasse route pour Malte ».

Le patrouilleur P21 de la marine maltaise a empêché le pétrolier de pénétrer dans les eaux territoriales de Malte et un commando des forces spéciales, soutenu par plusieurs navires de la marine et un hélicoptère, a été dépêché à bord « pour rendre le contrôle du bateau au capitaine » et l’escorter jusqu’à Malte.

108 migrants à bord, dont des femmes et des enfants

Selon l’organisation non gouvernementale allemande Sea-Eye, dont le navire Alan-Kurdi était mardi dans la zone de secours au large de la Libye et a entendu les échanges radio entre un avion militaire européen et l’Elhiblu-I avant le sauvetage, les migrants sont 108 et parmi eux se trouvent des femmes et des enfants.

Depuis des années, les navires commerciaux circulant au large de la Libye sont régulièrement réquisitionnés par les gardes-côtes et déroutés pour secourir des migrants. Mais depuis que Tripoli a progressivement pris le relais de Rome pour coordonner ces opérations, les navires reçoivent l’ordre de reconduire les migrants en Libye, au grand désespoir de ces derniers qui risquent des violences. A plusieurs reprises ces derniers mois des migrants raccompagnés en Libye ont refusé de descendre du navire et les autorités libyennes ont employé la force.

La semaine dernière, le sous-secrétaire général aux droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies, Andrew Gilmour, avait évoqué les tortures et les viols subis par nombre de migrants en Libye et appelé l’Union européenne à revoir son soutien aux gardes-côtes libyens.

La veille, l’Union européenne a décidé de suspendre temporairement le déploiement de ses moyens navals de sauvetage des migrants au large de la Libye, entamé en 2015 dans le cadre de la mission militaire « Sophia ». Un accord a bien été conclu entre les 28 pays de l’UE pour prolonger de six mois cette mission, jusqu’en septembre 2019, mais les discussions européennes ont achoppé sur la question du débarquement des migrants secourus, l’Italie – qui a le commandement de la mission – étant notamment opposée à l’utilisation de ses ports.

Migrants sur la route de l’Europe : « En Libye, nous ne sommes que des esclaves »

Un migrant sur 18 meurt en Méditerranée en tentant de rejoindre l’Europe
Durée : 02:40