Radovan Karadzic, le 20 mars à La Haye, aux Pays-Bas. / Peter Dejong / AP

L’ex-chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, a fait appel, jeudi 28 mars, de la décision d’une juridiction de l’Organisation des Nations unies (ONU) de durcir sa peine initiale de quarante ans de prison en une condamnation à perpétuité pour des crimes commis pendant la guerre de Bosnie-Herzégovine (1992-1995).

Bien que les décisions de la chambre d’appel de la juridiction de l’ONU soient généralement définitives, Radovan Karadzic a formulé huit motifs d’appel sur la peine prononcée le 20 mars. Les juges du Mécanisme pour les tribunaux pénaux internationaux (MTPI) vont maintenant devoir décider s’ils acceptent la demande d’une révision en appel de la sentence. Une telle révision en appel n’est pas acquise, a reconnu lui-même l’avocat de M. Karadzic, Peter Robinson.

« Cruauté systématique »

Radovan Karadzic, 73 ans, avait été condamné en première instance en 2016 par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), à La Haye, pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre. La justice le juge responsable de persécutions, meurtres, viols, traitements inhumains ou transferts forcés, notamment lors du siège de près de quatre ans de la capitale bosnienne Sarajevo, au cours duquel plus de dix mille personnes sont mortes.

De son côté, Radovan Karadzic a tenté de convaincre les juges, plaidant qu’il n’était que « psychiatre et poète », et n’avait donc pas l’expérience de la guerre. Mais ce n’est pas le manque d’expérience qui avait valu à Radovan Karadzic la peine – jugée clémente par bon nombre de victimes – de quarante ans de prison. Les juges avaient considéré que son retrait de la vie politique de Bosnie, peu après la guerre, constituait une circonstance atténuante.

Le MTPI, qui a pris le relais du TPIY après sa fermeture en 2017, avait pour sa part rejeté le 20 mars l’appel de Karadzic et l’a condamné à la prison à vie. Les juges en première instance avaient « sous-estimé l’extrême gravité de la responsabilité de Karadzic dans les pires crimes commis » durant le conflit en Bosnie, a déclaré le juge Vagn Joensen, soulignant « l’étendue » et la « cruauté systématique » de ces crimes.

A l’énoncé du verdict, dans la galerie du public, séparée du prétoire par une vitre pare-balles, les veuves de Srebrenica et les rescapés des camps de Prijedor ont sobrement applaudi la sentence, sans une once de joie, sans même un signe de victoire. La guerre de Bosnie a fait plus de cent mille morts, et la page judiciaire qui se tourne n’a ramené ni les morts ni les disparus.