Un avion de WOW Air sur le tarmac de Roissy-Charles-de-Gaulle, le 28 mars. / JOEL SAGET / AFP

C’est la dernière victime en date de la « bataille de l’Atlantique » que se livrent les compagnies aériennes low cost. La compagnie islandaise à bas coûts WOW Air a cessé, jeudi 28 mars, ses opérations et annulé tous ses vols. Le gouvernement islandais estime à 4 000 le nombre de voyageurs bloqués – dont 1 300 en transit.

WOW Air, qui transporte plus d’un tiers des voyageurs en Islande, n’avait plus aucun investisseur pour espérer un redressement depuis que sa compatriote Icelandair s’était retirée des négociations en vue d’une reprise. « WOW Air a cessé ses opérations », a annoncé lapidairement le transporteur dans un communiqué.

Plan d’urgence lancé

La concurrence toujours forte des low cost sur les routes transatlantiques et le regain des cours du carburant ont miné les performances de WOW Air. La compagnie a invité les passagers lésés par l’annulation des liaisons aériennes à « vérifier les vols disponibles avec d’autres compagnies aériennes ».

Des dizaines de passagers se sont rapidement retrouvés bloqués jeudi matin à l’aéroport de Reykjavik, où une trentaine de vols WOW Air ont été annulés, notamment en provenance ou à destination de Paris, New York et Montréal. Le ministre des transports islandais a annoncé à la presse le lancement d’un plan d’urgence à destination des voyageurs bloqués dans les aéroports, sans donner davantage de détails.

3,5 millions de passagers en 2018

En 2018, WOW Air, qui emploie un millier de personnes, a transporté 3,5 millions de passagers vers vingt-sept destinations en Amérique du Nord, en Europe et en Israël. Mais le transporteur, déficitaire, a réduit la voilure ces derniers mois, en vendant des avions et en supprimant des dizaines d’emplois. Sur les neuf premiers mois de 2018, la compagnie a affiché une perte avant impôts de près de 42 millions de dollars (37 millions d’euros).

Après le premier retrait d’Icelandair dans la course au rachat de la compagnie fin 2018, le fonds d’investissement spécialisé dans le transport aérien Indigo Partners avait signé un accord de principe pour entrer au capital de WOW Air à hauteur de 49 %. Le 21 mars, la société américaine d’investissement a toutefois renoncé à son offre de reprise tandis qu’Icelandair annonçait reprendre les négociations pour le rachat de sa compatriote… avant son retrait définitif annoncé dimanche.

La compagnie low cost avait depuis lancé des discussions avec ses créanciers afin de trouver un accord de restructuration – dont la conversion de la dette actuelle en capital. Lundi, ses créanciers avaient approuvé la conversion de leurs obligations en capital à hauteur de 49 % de la dette de la compagnie, mais celle-ci devait cependant encore trouver des acquéreurs pour les 51 % restants, afin d’éviter la faillite.

« Je ne me pardonnerai jamais de ne pas avoir agi plus tôt car il est évident que WOW est une compagnie aérienne incroyable et que nous étions sur la bonne voie pour faire à nouveau de grandes choses », a déploré le directeur général et fondateur de la compagnie, Skuli Mogensen, dans une lettre adressée au personnel.

La faillite du transporteur, fondé en 2011, pourrait entraîner une contraction du PIB islandais de 3 %, la chute de la couronne et une hausse de l’inflation, selon les projections du gouvernement. Mais certains analystes estiment ces calculs alarmistes.