Les « gilets jaunes » ont appelé à rester mobilisés, samedi 30 mars, pour leur vingtième journée d’action contre le pouvoir, tandis que les autorités ont de nouveau interdit toute manifestation sur les Champs-Elysées et dans plusieurs villes, craignant la présence de « groupes violents ».

Environ 40 500 personnes ont manifesté samedi dernier partout en France (5 000 à Paris). Au plus fort du mouvement, lors de la première journée de mobilisation le 17 novembre, les « gilets jaunes » avaient été 282 000 à manifester, selon les chiffres du ministère de l’intérieur, que contestent les manifestants.

  • Bordeaux, point de convergence ?

Dans le Sud-Ouest, Bordeaux, devenue au fil des semaines l’un des bastions du mouvement social, apparaît comme un point de convergence, avec notamment un appel aux « gilets jaunes » de Toulouse à se joindre aux manifestations. La préfecture de la Gironde redoute la présence de « certains groupes, violents et très déterminés », malgré l’interdiction de manifester dans de nombreuses rues et places du centre-ville.

Le maire, Nicolas Florian (les Républicains), n’a pas caché vendredi son inquiétude et a décrété Bordeaux « ville morte » samedi, en demandant aux habitants de « rester chez eux » et aux commerces de « baisser leur rideau ». « Je suis très inquiet de ce qui pourrait se passer. On nous annonce des centaines de casseurs, de gens qui sont là pour en découdre », a-t-il déclaré.

Dans une vidéo diffusée jeudi soir sur les réseaux sociaux, l’une des figures des « gilets jaunes », Eric Drouet, a indiqué qu’il serait « sûrement » dans la capitale girondine. « Samedi tous à Bordeaux ? Pour ceux qui peuvent oui », a-t-il lancé. Ce chauffeur routier de Seine-et-Marne a été condamné vendredi à 2 000 euros d’amende, dont 500 avec sursis, pour « organisation de manifestations sans autorisation préalable », les 22 décembre et 2 janvier. Son avocat a annoncé qu’il allait faire appel.

  • Avignon, rendez-vous national ?

Un appel national à manifester samedi dans la ville du Sud-Est a été lancé sur les réseaux sociaux. Citant « la présence prévisible de personnes appartenant à des groupes activistes violents », la préfecture du Vaucluse a interdit tout rassemblement ou manifestation du mouvement de 9 heures à minuit, « intra-muros » et sur plusieurs axes périphériques.

Le préfet du Vaucluse, Bertrand Gaume, évoque « les appels à une manifestation nationale, relayés par les réseaux sociaux, et notamment la présence prévisible de personnes appartenant à des groupes activistes violents ». Il souhaite en particulier protéger le Palais des papes, « lieu symbolique qui demeure ainsi sensible ». Les « gilets jaunes » ont néanmoins donné rendez-vous à midi au Palais des papes, arguant qu’« il n’est pas interdit de se promener ».

  • Les Champs-Elysées de nouveau interdits

A Paris, de crainte de nouvelles scènes de violences et de saccages, les manifestations ont de nouveau été interdites sur les Champs-Elysées et la place de l’Etoile, ainsi que dans un vaste périmètre comprenant l’Elysée et l’Assemblée nationale. Des appels à se rassembler place du Châtelet ou gare de l’Est en fin de matinée pour rallier la place du Trocadéro circulent malgré tout sur Internet.

Le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a estimé mercredi que la manifestation envisagée sur les Champs-Elysées dans le cadre de l’acte XX des « gilets jaunes » n’était « qu’une provocation à de nouvelles violences ». L’objectif est d’éviter que le scénario du 16 mars ne se reproduise, a souligné le ministre. Ce 18e samedi de manifestation avait été marqué par de violents heurts et d’importants dégâts matériels sur les Champs-Elysées. Dans la foulée, l’exécutif avait renforcé son dispositif. Lors de l’acte XIX du mouvement, le 23 mars, le défilé parisien s’est déroulé sans heurts majeurs.

  • Autres manifestations et interdictions

A Saint-Etienne, Epinal et Rouen, les préfectures ont également interdit les manifestations pour prévenir violences et pillages. Des manifestations ont été annoncées à Marseille, Rennes, Caen, Rouen, Montbéliard (Doubs), Strasbourg ou encore Nice.

Attac a par ailleurs appelé les « gilets jaunes » à brandir des drapeaux arc-en-ciel, en soutien à la porte-parole de l’association altermondialiste Geneviève Legay, 73 ans, qui a violemment chuté dans une charge des forces de l’ordre en manifestant dans un périmètre interdit à Nice.

Des appels à bloquer certaines usines d’armement ou qui fournissent des « produits de maintien de l’ordre » ont été lancés. Parmi les cibles, la Poudrerie à Pont-de-Buis, dans le Finistère, un site classé Seveso (installation présentant des risques industriels majeurs devant respecter des exigences de sûreté), ou l’usine d’armement Alsetex dans la Sarthe. Dans la Loire, l’usine Verney-Carron, où étaient conçus – ce n’est plus le cas – les Flash-Ball, est également dans le viseur de certains « gilets jaunes ».

Devant des enfants d’une école à Beaupréau-en-Mauges (Maine-et-Loire), le président de la République, Emmanuel Macron, a affirmé jeudi qu’il avait « compris le message ». « Et j’ai envie de répondre » à ceux qui « ne sont pas violents », a déclaré Emmanuel Macron. Les casseurs, « ce sont les gilets jaunes que je n’aime pas », a-t-il ajouté, souhaitant que les manifestations se terminent au plus vite.

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