Il sera le candidat surprise de l’élection du 26 mai, en Belgique : Nicolas Barnier, 33 ans, fils de Michel Barnier, figure à la troisième place sur la liste du Mouvement réformateur (MR) présentée vendredi matin par le parti libéral du premier ministre belge Charles Michel. Cette formation compte actuellement trois élus et Nicolas Barnier pourrait donc siéger à Strasbourg, à condition toutefois que le MR fasse mieux que ce que lui prédisent les sondages actuels. M. Barnier fils rejoindrait alors les rangs de l’Alliance des démocrates et libéraux européens (ADLE), le groupe qui attend avec impatience le ralliement, après le scrutin, des élus de La République en marche (LRM).

On pensait d’ailleurs que le fils du négociateur en chef du Brexit pour l’Union européenne (qui est, lui, toujours officiellement membre des Républicains) serait candidat pour le parti macroniste. Il était, a priori, quatrième dans la liste des candidats Agir à placer sur la liste, derrière Fabienne Keller, Xavier Fournier et Elisabeth Morin-Chartier. En Belgique, il suit, sur sa liste, Olivier Chastel, ancien président du MR et Frédérique Ries, eurodéputée sortante.

« Enthousiasmé » par Emmanuel Macron

Dans le quotidien Le Soir, M. Barnier explique que son engagement en politique s’est décidé au moment du lancement de la candidature d’Emmanuel Macron à la présidentielle. Son programme européen, notamment, l’aurait « enthousiasmé ». Soutien de Grégory Besson-Moreau, dans l’Aube, il a ensuite posé sa candidature à LRM en novembre, peu avant que le premier ministre belge l’appelle pour lui indiquer qu’en liaison avec le président français, il soutiendrait sa candidature pour la liste du MR. Son père, assure-t-il, aurait tout ignoré de cette démarche.

L’entourage de M. Michel – et notamment le père de ce dernier, Louis Michel, ex-commissaire européen et ex-ministre belge – ne tarit, en tout cas pas d’éloge, sur les Barnier. « Je les connais bien, je les apprécie beaucoup », affirme Louis Michel. Son fils Charles ne livre pas de commentaire mais a indiqué au Soir qu’il fallait voir ce ralliement comme « l’affirmation d’une volonté de travailler ensemble autour d’un projet européen largement partagé ». C’est peut-être aussi, pour le premier ministre belge, un investissement à plus long terme : incertain quant à son avenir à la tête du gouvernement, il lorgnerait une (haute) fonction européenne, pour laquelle le soutien de M. Macron pourrait s’avérer déterminant.

Les proches de M. Michel s’en tiennent, pour leur part, à évoquer la candidature du jeune Français comme « un bon signal, même si les listes transnationales ne sont pas encore possibles ». Le MR pense, en tout cas, que la candidature de Nicolas Barnier pourrait rallier les voix de nombreux Français vivant en Belgique.

« Conviction européenne »

Le candidat aurait-il bénéficié de faveurs liées au rôle éminent joué par son père dans la négociation du Brexit ? « Je doute que le premier ministre belge soit influençable à ce point », estime un proche de Michel Barnier. La présence de son fils sur une liste belge serait, selon cette source, comparable à celle de l’ex-secrétaire d’Etat Sandro Gozi, membre du Parti démocrate italien, sur la liste LRM. Quant à Michel Barnier, il a indiqué, par la voie d’un communiqué, que l’engagement de son fils, « depuis le début » dans les rangs de la Macronie, était un choix qu’il « respecte ». « Je suis simplement heureux que mes enfants aient une conviction européenne », a-t-il ajouté.

L’affaire relance les spéculations sur le rôle futur de M. Barnier père, qui caresse l’espoir prendre la tête de la Commission européenne

L’affaire relance, quoi qu’il en soit, les spéculations sur le rôle futur de M. Barnier père, qui caresse l’espoir de succéder à Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission européenne, en novembre. Il aurait, ces dernières semaines, reçu le soutien du président Macron, à en croire l’agence Reuters. Candidat malheureux pour être le chef de file du Parti populaire européen (droite conservatrice) en 2014, le Français est aujourd’hui « salué par 27 chefs d’Etat ou de gouvernement pour la manière dont il s’est acquitté de son rôle dans le Brexit », comme le relève son fils.

Autre donnée à prendre en compte : M. Macron s’est dit opposé au système des « Spitzenkandidaten », les têtes de listes des différents groupes européens, dont le plus important désigne, en principe, le président de la Commission. Aujourd’hui, le Bavarois allemand Manfred Weber, chef du groupe PPE à Strasbourg, est théoriquement assuré du soutien de son parti, de la chancelière d’Angela Merkel et de huit autres chefs d’Etat pour briguer ce poste.

Le nom de M. Barnier ne s’imposera, à l’été prochain, qu’à condition que M. Weber ne parvienne pas à rallier une majorité suffisante sur son nom au Parlement européen. Et si Mme Merkel ne met pas son veto à la nomination de l’ancien commissaire européen et ex-ministre français.