Laura Codruta Kovesi est la favorite pour diriger le parquet européen. / Vadim Ghirda / AP

Nouveau coup dur pour la magistrate roumaine Laura Codruta Kövesi, l’une des favorites pour diriger le futur parquet européen. Elle a été mise en examen, jeudi 28 mars, à Bucarest pour des faits de corruption, a rapporté à l’Agence France-Presse (AFP) une source judiciaire, confirmant des informations de presse.

Cette magistrate considérée comme un symbole de la lutte anticorruption, mais en butte à l’hostilité du gouvernement roumain, s’est vue notifier ces poursuites lors d’une audition de six heures au parquet de Bucarest.

« C’est une mesure pour me faire taire, pour harceler ceux qui, au sein du système judiciaire, ont fait leur travail », a-t-elle déclaré à la presse. Elle a de nouveau accusé la majorité sociale-démocrate de tout faire pour torpiller sa candidature au poste de chef du parquet européen, alors que la procédure de désignation pour ce poste touche à sa fin.

Soupçonnée d’avoir commis des « abus » dans ses enquêtes

Une source judiciaire a expliqué à l’AFP que les poursuites contre Mme Kövesi sont assorties d’une interdiction d’exercer les fonctions de magistrate. Selon plusieurs médias roumains, un contrôle judiciaire strict lui interdisant de quitter la Roumanie a également été mis en place.

Le parquet de Bucarest devrait communiquer vendredi sur le cas de la magistrate qui peut faire appel de tout ou partie des mesures prononcées car elles risquent de compliquer le maintien de sa candidature au parquet européen.

La majorité de gauche reproche à cette magistrate de 45 ans d’avoir commis des « abus » dans ses enquêtes qui ont abouti à la condamnation de dizaines d’élus locaux et nationaux. Le gouvernement a obtenu en juillet 2018 le limogeage de Mme Kövesi qui dirigeait le parquet anticorruption (DNA) depuis 2013. Elle est depuis visée par deux enquêtes. Dans un dossier, elle est soupçonnée d’avoir fermé les yeux sur une présumée falsification de preuves par deux procureurs de Ploiesti (sud), poursuivis pour ces faits. Dans une autre affaire, elle se voit reprocher des infractions en lien avec l’extradition en 2011 depuis l’Indonésie d’un Roumain condamné pour avoir spolié quelque 300 000 petits épargnants. Le parquet n’a pas précisé jeudi dans quel dossier elle avait été inculpée.

Mme Kövesi est en lice pour le poste de chef du futur parquet européen avec un candidat français et un allemand. La procédure finale de nomination fait actuellement l’objet de négociations entre le Parlement européen et les pays de l’UE qui n’ont pas exprimé les mêmes préférences.

Le parquet européen spécialisé doit être opérationnel fin 2020. Organe indépendant, il sera chargé de combattre les crimes contre les intérêts financiers de l’UE, comme la corruption et les fraudes transfrontalières à la TVA portant sur plus de 10 millions d’euros.