• Ernest Chausson
    Poème de l’amour et de la mer op. 19. Symphonie op. 20

    Véronique Gens (soprano), Orchestre national de Lille, Alexandre Bloch (direction)

Pochette de l’album « Poème de l’amour et de la mer op. 19. Symphonie op. 20 », d’Ernest Chausson. / ALPHA / OUTHERE MUSIC

La profondeur, la mélancolie, la nature idéalement sombre de la voix de Véronique Gens portent avec une exemplarité bienvenue l’aura poétique de cette mélodie française dont la soprano s’est faite héroïne. Ainsi dans Le Poème de l’amour et de la mer sur des textes de Maurice Bouchor, ami de Chausson, où le naturel de la diction, plus diseuse que déclamatoire, le galbe amoureux d’une articulation à la fois précise et gourmande, la délicatesse d’âme de la chanteuse, dessinent les épousailles fantasmées de la mort et de la volupté. Sous la direction picturale d’Alexandre Bloch, l’orchestre national de Lille se livre avec ivresse au déferlement exacerbé d’une partition dont le post-romantisme s’irradie de langueurs wagnériennes qu’avivent le raffinement subtil du symbolisme de Debussy, la virtuosité chatoyante de l’orchestration ravélienne. Marie-Aude Roux

1 CD Alpha/Outhere Music.

  • Gabriel Dupont
    Complete Symphonic Works
    Orchestre philharmonique royal de Liège, Patrick Davin (direction)

Pochette de l’album « Complete Symphonic Works », de Gabriel Dupont. / FUGA LIBERA / OUTHERE MUSIC

Mort de la tuberculose en 1914, à 36 ans, Gabriel Dupont a traversé le ciel de la musique française comme une comète. Son cas de surdoué aujourd’hui tombé dans l’oubli évoque celui de Lili Boulanger (1893-1918). Comme elle, il a souvent composé dans la réclusion d’une chambre de malade. Ses œuvres symphoniques, enregistrées pour la première fois, manifestent une rare puissance d’expression. En témoignent le drame tout en variations de lumière des Heures dolentes, la fresque subtilement colorée de Jour d’été et la projection spectaculaire du Chant de la destinée. Pierre Gervasoni

1 CD Fuga Libera/Outhere Music.

  • Keith Richards
    Talk Is Cheap

Pochette de l’album « Talk Is Cheap », de Keith Richards. / MINDLESS RECORDS / BMG-WARNER MUSIC

Il n’y a pas que les Rolling Stones dans la vie du guitariste Keith Richards. A l’été 1987, il réunit, sous le nom The X-Pensive Winos, le guitariste Waddy Wachtel, le bassiste Charley Drayton, le claviériste Ivan Neville, le saxophoniste Bobby Keys et le batteur Steve Jordan, coproducteur de ce qui deviendra, en octobre 1988, le premier album solo de Richards. Talk Is Cheap, aujourd’hui réédité, est toujours aussi plaisant qu’à sa sortie, avec des compositions essentiellement rock dans l’esprit Rolling Stones – la voix de Mick Jagger en moins –, dont Take it So Hard, Make No Mistake, How I Wish ou Whip it Up. Richards, qui n’a jamais été un grand chanteur, s’en sort plutôt bien. Et l’album lui permet d’inviter notamment Mick Taylor, historique guitariste lead des Stones au début des années 1970. La réédition est complétée par six enregistrements, qui tiennent plus de la jam blues-rock que de compositions cadrées. Sylvain Siclier

1 double CD Mindless Records/BMG-Warner Music. Edition limitée Deluxe avec 2 LP 33-tours, 2 single 45-tours, 2 CD et 1 livret de 80 pages.

  • Ex Hex
    It’s Real

Pochette de l’album « It’s Real », du trio Ex Hex. / MERGE RECORD / DIFFER-ANT

N’en déplaise aux virils ayatollahs du rock, l’un de ses meilleurs représentants actuels est féminin et s’appelle Ex Hex. La guitariste et chanteuse américaine Mary Timony, meneuse en chef de ce trio, n’est pas une illustre inconnue et traîne ses guêtres sur la scène musicale de Washington DC depuis déjà deux décennies (Helium, Wild Flag). Cinq ans après un mémorable premier album, Mary Timony, Betsy Wright (basse, chant) et Laura Harris (batterie) signent leur retour avec It’s Real, un manifeste pop punk qui a de l’allure. Coincé dans une bulle spatio-temporelle en 1977, le girls band cultive un amour immodéré pour l’esthétique rock glamour de Blondie et la ferveur candide des punkettes Runaways. Les harmonies vocales se sont étoffées, mais Ex Hex n’oublie pas pour autant de trousser des hymnes à guitares simples et irrésistibles – Another Dimension, Good Times et Tough Enough. Franck Colombani

1 CD Merge Record/Differ-ant.

  • Saulo Duarte
    Avante Delirio

Pochette de l’album « Avante Delirio », de Saulo Duarte. / STERNS MUSIC / PIAS

Les artistes brésiliens ont l’oreille des labels anglais. Après le carioca Vitto Meirelles, signé par Cooking Vinyl (l’attrayant Da Horta paraîtra en septembre), voici le guitariste et chanteur pauliste Saulo Duarte, dont le premier album sort chez Sterns Music, qui compte dans son catalogue Criolo et Emicida, également issus de la scène foisonnante de Sao Paulo. Faisant suite à trois disques avec son groupe A Unidade, des collaborations en tant que guitariste avec Céu, Russo Passapusso et Curumin, Duarte propose une mixture musicale stimulante, agitée de cuivres, synthés, percussions et clarinette. A la fois auteur et compositeur de quasiment tous les titres, il revendique le droit au délire (Avente Delirio), à l’illusion de la liberté. Les idées et l’humour fusant à chaque détour de mélodie ne sont pas sans rappeler l’esprit chahuteur de Mestre Ambrosio ou d’un certain Tom Zé, dont Estudando o Samba (1976) est réédité par le label anglais Mr Bongo. Patrick Labesse

1 CD Sterns Music/PIAS.