Le patron de Telecom Italia (TIM), Luigi Gubitosi, lors de l’assemblée générale des actionnaires de TIM, le 29 mars, à Rozzano, au sud de Milan. / MIGUEL MEDINA / AFP

Ce devait être le point culminant de la bataille d’actionnaires qui secoue Telecom Italia (TIM) depuis près d’un an. Ce vendredi 29 mars, le groupe français Vivendi et le fonds activiste américain Elliott, qui détiennent respectivement 23,94 % et 9,54 % du capital de l’ex-fleuron italien, devaient s’affronter une nouvelle fois sur sa gouvernance. Le vote tant attendu n’aura finalement pas lieu.

Dans un revirement de dernière minute, le groupe français a annoncé, peu après l’ouverture, en fin de matinée, de l’assemblée générale des actionnaires, près de Milan, qu’il souhaitait retirer sa demande de vote inscrite à l’ordre du jour. Vivendi, qui accusait une partie du conseil d’administration de Telecom Italia de ne pas être entièrement indépendant, réclamait la révocation de cinq des dix administrateurs proches d’Elliott, dont le président du conseil d’administration, Fulvio Conti.

Le changement de ton du groupe tricolore est d’autant plus inattendu qu’il avait bataillé ferme en décembre pour obtenir la tenue de cette assemblée générale des actionnaires

Vivendi prône désormais l’apaisement, et agite avec cette décision inattendue un drapeau blanc en direction de son rival américain. « Vivendi a investi quatre milliards d’euros dans Telecom Italia. En tant qu’actionnaire industriel de long terme, il voit un grand potentiel dans cette entreprise et a toujours exprimé sa volonté d’établir les meilleures conditions pour créer de la valeur », a déclaré ce vendredi Caroline Le Masne de Chermont, sa directrice juridique, ajoutant que le français aspire à « restaurer une gouvernance harmonieuse et collégiale ».

Le changement de ton du groupe tricolore est d’autant plus inattendu qu’il avait bataillé ferme en décembre pour obtenir la tenue de cette assemblée générale des actionnaires. Ces dernières semaines encore, les deux camps multipliaient les déclarations incendiaires, s’accusant mutuellement du marasme dans lequel est embourbé l’opérateur italien. Telecom Italia, qui affichait en 2018 une perte nette de 1,4 milliard d’euros, a vu son cours de Bourse fondre de 30 % depuis un an.

Visions divergentes sur la stratégie industrielle

Est-ce pour autant le début d’une paix des braves durable entre les deux loups de mer des affaires ? Le choix du français de revenir à la dernière minute sur sa demande de vote tient peut-être également au fait que les chances du groupe tricolore de l’emporter sur Elliott s’annonçaient plutôt minces, plusieurs actionnaires et sociétés influentes de conseil aux actionnaires s’étant récemment déclarés opposés à la révocation des cinq administrateurs nommés par le fonds américain.

Ce climat plus apaisé a été salué par le patron de Telecom Italia, Luigi Gubitosi. « Je suis convaincu que tout sera mis en œuvre pour améliorer les relations entre les actionnaires », a-t-il souligné lors de l’assemblée générale, rassurant les actionnaires sur sa détermination à sortir la société de l’impasse. De son côté, Elliott a indiqué vendredi dans un communiqué être prêt à nouer « un dialogue constructif avec toutes les parties prenantes afin de poursuivre sur la voie d’une maximisation de valeur pour la société ».

Toutefois, le chemin risque encore d’être long. Vivendi et Elliott vont devoir mettre à plat leurs différends, notamment concernant leurs visions divergentes sur la stratégie industrielle à adopter sur l’avenir du réseau fibre de TIM, et trouver des compromis satisfaisants pour les deux parties. En attendant, les marchés ont favorablement accueilli cette trêve : au cours de l’après-midi de vendredi, le titre grimpait de plus de 3% en Bourse.