A Paris, les « gilets jaunes » ont défilé dans le calme, samedi 30 mars. Ils étaient 1 800, selon les chiffres du ministère de l’intérieur. / STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Les « gilets jaunes » étaient 5 600 à manifester en France à 14 heures, dont 1 800 à Paris, pour leur vingtième samedi consécutif de mobilisation, selon les chiffres du ministère de l’intérieur. Des chiffres en baisse par rapport au 23 mars : ils étaient alors 8 300 en France à 14 heures, dont 3 100 dans la capitale.

Les « gilets jaunes », indifférents au débat national lancé par Emmanuel Macron pour résoudre cette crise inédite, ont de nouveau défilé pour réclamer plus de justice sociale, en dépit des interdictions de manifester prononcées face à la crainte de nouveaux heurts.

« En 2025, on aura peut-être gagné », a dit à l’AFP en riant Sébastien, 46 ans, préparateur automobile au chômage, venu en train d’Orléans pour manifester à Paris. « On sera là tant [qu’Emmanuel Macron] n’écoutera pas. » Depuis le début de ce mouvement social, le 17 novembre, le président de la République concentre toutes les critiques pour sa politique jugée trop favorable aux Français les plus aisés.

Echaudée par les saccages sur les Champs-Elysées il y a deux semaines, la préfecture de police de Paris a de nouveau interdit les manifestations sur la célèbre avenue, ainsi que dans un périmètre incluant l’Elysée et l’Assemblée nationale.

Contravention de 135 euros

Dans la capitale, les « gilets jaunes » ont défilé dans le calme, après avoir rejoint un rassemblement contre la fin de la trêve hivernale des expulsions. Tous devaient rallier la place du Trocadéro dans l’après-midi. « Macron démission, Castaner en prison », criaient des manifestants. Plusieurs ont collé leur carte électorale déchirée sur leur gilet.

Monique, 62 ans, promet de manifester « tant qu’ils n’auront pas cédé sur les revendications qu’on demande : le RIC [référendum d’initiative citoyenne], le pouvoir d’achat, les retraites ». « Le carburant avait baissé au début des manifs, et là il a remonté encore plus haut, donc ils se foutent de nous », a dit à l’AFP cette résidente des Hauts-de-Seine, cadre dans l’événementiel.

Vingt-sept arrêtés d’interdiction établis par les préfectures ont été recensés, a précisé une source policière. La nouvelle contravention de 135 euros, à laquelle s’exposent ceux qui braveront l’interdit, reste en vigueur après le rejet vendredi par le Conseil d’Etat du recours de la Ligue des droits de l’homme.

« Non à la dictature »

La Fédération bancaire française a appelé samedi à ce que cessent les violences qui ont visé des centaines d’agences depuis le début du mouvement. Les policiers en ont « ras-le-bol » d’être des « boucs émissaires », a dit à l’AFP Frédéric Lagache, secrétaire général du syndicat de police Alliance :

« Cela fait vingt week-ends de suite que nous sommes mobilisés, vingt week-ends de suite sans repos et vingt week-ends de suite que l’on nous critique. »

A Avignon, où toute manifestation de « gilets jaunes » était interdite samedi à l’intérieur de la ville et hors des remparts, une centaine de manifestants, en majorité des femmes, se sont rassemblés vers midi non loin du Palais des papes. « Non à la dictature, on a le droit de manifester, on est en France », criaient-ils.

Plusieurs milliers de « gilets jaunes » ont manifesté à Bordeaux où de nombreux commerçants ont fermé boutique, répondant à l’appel du maire à décréter « ville morte » ce bastion du mouvement, face à la menace de violences.

Dans le centre de Toulouse, plusieurs centaines de personnes étaient présentes au départ de la manifestation. La préfecture de la Haute-Garonne a renouvelé son interdiction de manifester place du Capitole.