Le Toulousain Antoine Dupont, dimanche 31 mars, sur le terrain du Racing. / MARTIN BUREAU / AFP

En tribunes, ces cris du cœur entendus de loin en loin : « Qui ne saute pas n’est pas Toulousain ! » Le Stade toulousain jouait à l’extérieur, pourtant. Mais il a gagné avec le supplément d’âme de ses supporteurs, venus en nombre jusque dans les Hauts-de-Seine, dimanche 31 mars après-midi : les Rouge et Noir de Haute-Garonne ont remporté ce quart de finale de Coupe d’Europe franco-français, à Nanterre, sur la pelouse du Racing (22-21). Les voilà qualifiés pour les demi-finales, qu’ils disputeront chez les Irlandais du Leinster.

Sur le terrain aussi, les Toulousains y ont mis du leur. Il le fallait, à quatorze contre quinze depuis cette 23e minute et ce mauvais geste de Zack Holmes : l’ouvreur australien du Stade plaquait l’ailier argentin du Racing, Juan Imhoff, bien au-dessus de la ligne d’épaules réglementaire.

Un mauvais geste intercalé entre tant d’autres, ceux-là bien plus enthousiasmants, tout au long d’un match aussi agréable pour son intensité que pour son suspense. Même en infériorité numérique, même sous les assauts racingmen, jamais ce Stade toulousain n’a renié son credo. Celui de jouer, jouer, jouer encore. Créer des déséquilibres à force de passes, déplacer le ballon comme l’adversaire. Le Racing l’a payé cher : deux exclusions temporaires lui ont fait perdre à son tour des joueurs, chacun pour dix minutes. D’abord Teddy Thomas en première période, puis ce même Imhoff en seconde.

Un contenu de cette page n'est pas adapté au format mobile, vous pouvez le consulter sur le site web

Encouragements... de la sono

Résultat, trois essais à deux pour Toulouse ; un troisième essai du Racing ayant été refusé en toute fin de match, après une faute sur une remise en jeu. Trois essais inscrits en première période pour Toulouse, qui menait déjà 19-10 à la pause : deux d’Antoine Dupont (7e et 36e minutes), une fois de plus à la hauteur de son potentiel, un de Maxime Médard (31e). Pas d’injustice : citons aussi le Sud-Africain Kolbe mais aussi Ntamack et Tauzin (qui remplaçait un Huget blessé juste avant le coup d’envoi), champions du monde des moins de 20 ans avec la France. Eux aussi ont apporté leur écot dans le jeu. Si ce n’est leur chistera, s’agissant du dernier nommé.

Après des années plus difficiles, le Stade toulousain disputera donc une nouvelle demi-finale de Coupe d’Europe. Les joueurs d’Ugo Mola affronteront le Leinster à Dublin dans trois semaines pour un match entre les deux les équipes les plus titrées dans la compétition : quatre trophées chacune pour Toulouse (entre 1996 et 2010) comme pour le Leinster, tenant en titre.

Les lumières des projecteurs peuvent s’éteindre sur la pelouse synthétique et sous le toit inamovible de l’Arena. Finaliste l’an dernier, le Racing devra attendre encore un peu avant d’espérer un premier sacre européen. Une leçon de patience pour le club que préside l’homme d’affaires Jacky Lorenzetti, toujours en quête de public : en plein match, la sono de son « Arena » lançait parfois des « Racing ! Racing ! » artificiels qui résonnaient d’un curieux écho, après les véritables « Toulousains ! Toulousains » audibles en tribune.

« Si on doit couvrir le chant des Toulousains, il faut faire chanter son public plutôt que de monter les hauts parleurs », a réagi le président du Stade toulousain, Didier Lacroix, ironisant sur le peu d’engouement venant des partisans du Racing.

Au coup de sifflet, accolades entre joueurs de Toulouse, toujours en tête, par ailleurs, du championnat de France. Ah, encore un peu de lumière, finalement : juste après le match, un mini-concert a convié sur le terrain les spectateurs encore présents. On se défoule comme on peut.