Les syndicats redoutent une « ubérisation » de leur métier avec un agrément qui deviendrait national et abandonnerait l’obligation d’avoir un local physique. / JEAN-FRANÇOIS MONIER / AFP

Elles luttent contre une « ubérisation » du permis. Une fois encore, les auto-écoles étaient rassemblées, lundi 1er avril à Paris, pour une opération escargot sur le périphérique. Plusieurs dizaines de voitures écoles se sont rassemblées aux portes de la capitale, avant de s’élancer sur le périphérique parisien vers 8 h 30 pour rouler au pas. Elles doivent rallier la place de la République vers 11 heures. Le 11 février, une mobilisation nationale dans plusieurs villes avait déjà eu lieu.

Les trois organisations de la profession – le Conseil national des professions de l’automobile (CNPA), l’Union nationale intersyndicale des enseignants de la conduite (Unidec) et l’Union nationale des indépendants de la conduite (UNIC) – dénoncent « l’enfumage » du rapport de la députée du Gard (LRM) Françoise Dumas, remis à l’exécutif dans la perspective d’un projet de loi sur la réforme du permis de conduire.

Les syndicats redoutent une « ubérisation » de leur métier avec un agrément qui deviendrait national et abandonnerait l’obligation d’avoir un local physique. De quoi favoriser les plates-formes en ligne, qui emploient des moniteurs autoentrepreneurs et proposent un permis moins onéreux.

« L’agrément national ferait disparaître les auto-écoles de proximité dans les petites villes et villages », redoute Patrice Bessone, président du CNPA-Education routière, syndicat majoritaire parmi les 10 000 auto-écoles (40 000 salariés). « Ça va à l’encontre de l’accessibilité vers le permis demandée par le premier ministre. »

« Une concurrence déloyale »

« C’est une concurrence déloyale : les plates-formes n’ont pas les charges sociales, quasiment pas de TVA, comment voulez-vous qu’on se batte avec ça ? », s’indigne de son côté Thibault Droinet, vice-président de l’UNIC, ajoutant : « Sur le coût d’un permis de conduire dans une école classique, l’Etat prend 70 %. Si on veut faire baisser le coût, pourquoi ne pas mettre la TVA à 5,5 % par exemple ? »

Les auto-écoles craignent également une généralisation des inscriptions à l’examen par l’élève lui-même, en candidat libre, proposée par le rapport. L’équivalent d’une « prime à l’échec », selon M. Bessone. « Le taux de réussite des candidats libres est actuellement de 35 %, contre 65 % pour les candidats présentés par les écoles », a-t-il assuré :

« On va engorger les places d’examen avec des gens qui repassent et on va augmenter drastiquement les délais. Et qui dit permis plus long, dit permis plus cher, car il faudra reprendre des heures. »

Les syndicats espèrent être reçus par Matignon et souhaitent faire part de nouvelles pistes pour répondre au souhait d’Emmanuel Macron, qui a annoncé vouloir une « baisse drastique » du prix du permis.