En France, Carlos Ghosn est soupçonné d’avoir obtenu la location du château de Versailles et du Grand Trianon pour l’organisation de son mariage, une prestation évaluée à 50 000 euros, en contrepartie d’une convention de mécénat signée entre l’établissement public et la marque au losange. / Issei Kato / REUTERS

Renault a signalé à la justice, vendredi 29 mars, plusieurs millions d’euros de paiements suspects réglés par la présidence du constructeur français sous Carlos Ghosn.

Ce signalement a été effectué auprès du parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine), qui avait déjà été saisi et avait ouvert une enquête sur le financement du mariage de Carlos Ghosn au château de Versailles en octobre 2016.

Le parquet de Nanterre a déclaré qu’« à l’occasion de la remise de certains documents correspondant aux réquisitions du service enquêteur [ l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (Oclciff)] sur demande du parquet, les avocats de Renault ont remis spontanément, vendredi, un certain nombre de documents qui devront être analysés pour savoir s’ils contiennent des infractions ».

Plusieurs millions d’euros versés à Oman

Selon cette enquête, Renault a versé pour plusieurs millions d’euros, désignés comme des primes de performance, à Suhail Bahwan Automobiles (SBA), distributeur commercial des marques de l’alliance à Oman, ont déclaré les sources au fait du contenu détaillé des investigations. Nissan a établi pour sa part dès janvier que sa propre filiale régionale avait effectué des paiements suspects de plus de 30 millions de dollars à SBA.

Les éléments adressés par Renault au parquet suggèrent également que l’essentiel des fonds a été ensuite transféré à une société libanaise contrôlée par des associés de Carlos Ghosn. Selon les sources, la somme totale versée par le groupe français se chiffre à au moins 10 millions d’euros.

Des flux financiers similaires avaient déjà été détectés chez Nissan, le partenaire japonais de Renault, dont M. Ghosn était président. Ils sont soupçonnés d’avoir été utilisés pour des dépenses personnelles n’ayant aucun lien avec l’activité de l’entreprise.

En France, l’ancien patron, déchu de toutes ses fonctions chez Renault et Nissan, est soupçonné d’avoir obtenu la location du château de Versailles et du Grand Trianon pour l’organisation de son mariage, une prestation évaluée à 50 000 euros, en contrepartie d’une convention de mécénat signée entre l’établissement public et la marque au losange.

Démenti de l’entourage

L’enquête, confiée à l’Oclciff, fait suite à un signalement de Renault à la justice début février. D’autre part, l’entourage de Carlos Ghosn a démenti « formellement d’éventuelles malversations à Oman ».

Un conseil d’administration du constructeur est prévu mercredi afin de préparer la prochaine assemblée générale des actionnaires. La rémunération de Carlos Ghosn au titre de 2018 devrait notamment y être discutée ainsi que le renouvellement d’administrateurs arrivés en fin de mandat. La réunion sera aussi l’occasion de faire un point sur les résultats de l’enquête interne.