Il faudra rapidement se familiariser avec leur nom : Mesta fusion 2. Quelque 400 radars de nouvelle génération vont être installés en France cette année, en remplacement notamment des équipements détériorés durant la crise sociale des « gilets jaunes ». Le 1er mars, le ministère de l’intérieur, Christophe Castaner, avait fait savoir que, sur le territoire français, « à peu près 75 % du parc de radars a été soit détruit, soit détérioré, soit attaqué, soit neutralisé ».

  • Quelles sont les caractéristiques de ce « super » radar ?

Commercialisé par l’entreprise de sécurité numérique française Idemia, ancienne filiale du groupe Safran, le Mesta fusion 2 est un radar multifonctions : il peut contrôler la vitesse de circulation en fonction du type de véhicule, mais aussi le respect des feux rouges ou des distances de sécurité, le franchissement d’une ligne continue, ou encore le fait que le conducteur soit au téléphone ou qu’il ne porte pas sa ceinture de sécurité.

Pour l’heure néanmoins, la Sécurité routière a fait savoir que les radars n’ont été homologués par le Laboratoire national de métrologie et d’essais en septembre 2018 que pour le contrôle de vitesse et pour les feux, y compris aux passages à niveau. Ces deux contrôles pourront en revanche être réalisés simultanément – une première en France.

Perché sur un mât de 4 mètres de haut, ce « radar tourelle », fabriqué en France, devrait être moins sujet aux dégradations, selon le ministère de l’intérieur. Sa hauteur lui permet en outre de gagner en efficacité : un seul radar, équipé d’une caméra de 36 millions de pixels, peut scanner simultanément jusqu’à 126 véhicules sur cinq voies dans les deux sens de circulation et sur une portée de plus de 100 mètres de chaque côté, selon le site d’informations spécialisé Radars-Auto.

Voir la vidéo de présentation diffusée par le constructeur du radar, Idemia :

Mesta Fusion - simultaneous automatic speed and red light enforcement
Durée : 03:08

  • Quand et où vont-ils être déployés ?

Une dizaine de ces nouveaux radars ont déjà été déployés en France depuis février 2018 pour une phase d’expérimentation. On peut ainsi en voir sur des voies rapides à Marseille (Bouche-du-Rhône), Bordeaux (Gironde), ou Thionville (Moselle). Plusieurs carrefours avec des feux rouges en sont également équipés, notamment à Strasbourg (Bas-Rhin), à Roubaix (Nord), ou encore à Mimizan (Landes).

La Guadeloupe a en outre été retenue pour être région pilote en la matière, notamment en raison du nombre particulièrement élevé d’accidents mortels sur l’île. Vingt radars Mesta fusion 2 ont été déployés en 2018, et vingt supplémentaires devraient l’être d’ici à la fin de l’année 2019.

Dans l’hexagone, 400 radars de ce type devraient être installés d’ici à la fin de l’année, pour un montant de 101,7 millions d’euros, selon l’appel d’offres publié le 21 décembre 2016. Une phase d’installation qui devrait se poursuivre en 2020, puisque 1 200 radars du genre devraient être opérationnels au 1er janvier 2024.

Plusieurs préfets ont pris la parole ces derniers mois pour annoncer l’implantation du dispositif sur leur territoire, notamment celui de l’Oise, qui a annoncé l’installation de 90 « radars tourelles » dans son département à partir de 2019, ou encore celui de Haute-Loire qui prévoit l’installation de 80 radars.

  • Pourquoi tous les « radars tourelles » ne flasheront-ils pas ?

Le dispositif ministériel prévoit un fonctionnement avec des leurres : un seul radar pourra alternativement être déplacé dans cinq cabines différentes, sans que les automobilistes puissent savoir si la tourelle est équipée d’un radar ou non ce jour-là. Les radars sont en effet protégés par un film miroir opaque, empêchant de discerner l’intérieur de la cabine. La fréquence de déplacement de la cellule vidéo devrait être identique à celle des radars autonomes installés dans les zones de contrôles leurres, à savoir toutes les trois semaines en moyenne.

Au total, ce sont donc 2 000 tourelles qui seront installées sur le territoire en 2019. Et « un parc de 6 000 cabines leurres est prévu à l’horizon 2020, dans lesquelles 1 200 radars seront régulièrement déplacés », peut-on lire dans le programme 751 du projet de loi finances.