L’endroit est bien trouvé. Pour la présentation de sa liste « citoyenne » et de son projet pour les élections européennes du 26 mai, Benoît Hamon avait choisi un « escape game », l’Epsilon, en plein cœur de Paris. « Avec votre équipe dans une pièce pleine de mystères et de secrets, vous devrez coopérer, faire appel à votre logique et à votre réflexion pour vous échapper », peut-on lire sur la plaquette de présentation du lieu. L’ancien candidat à la présidentielle en sait quelque chose : il lui faut sortir d’urgence du guêpier. Parvenir d’abord à se présenter et obtenir des élus au Parlement européen, ce qui signifie atteindre la barre des 5 % de suffrages le soir du vote.

Une première victoire a été obtenue : M. Hamon est parvenu, après une action devant le tribunal administratif, à se faire inviter au débat entre les têtes de liste, organisé jeudi 4 avril par France 2. « On est un peu à la bourre, on prépare le débat de demain », concède, dans un sourire, l’ancien ministre de l’éducation. Sauf que ce grand oral est essentiel pour lui s’il veut passer cette étape et faire connaître sa candidature au grand public alors que les sondages restent bas.

La liste qu’il conduira en binôme avec Sarah Soilihi – doctorante en droit, championne d’arts martiaux et transfuge de La France insoumise − se veut représentative de « la vraie société civile » et promet d’être « diverse, cohérente, stable ». Elle se fait dans le cadre du Printemps européen, mouvement transnational, et est une alliance avec DiEM25, le mouvement lancé par Yanis Varoufakis, l’ancien ministre des finances grec.

« Projet de gauche, social et environnemental »

« On va unis à la bataille. Nous sommes complémentaires », assure Françoise Sivignon, sixième de liste et ancienne présidente de Médecins du monde France. « Notre projet politique est de gauche, social et environnemental », continue-t-elle.

« Les vieilles familles politiques ne répondent plus aux questions fondamentales, car elles sont décalées par rapport aux enjeux que sont nos libertés, la protection des travailleurs ou les mutations du monde du travail », abonde Guillaume Balas, député européen sortant et en troisième position sur la liste. Puis il vise Yannick Jadot, la tête de liste d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), qui avait déclaré dans un entretien au Point que « bien entendu, les écologistes sont pour le commerce, la libre entreprise et l’innovation » : « Il n’y a pas de compatibilité entre l’écologie politique et l’idéologie libérale », tranche M. Balas.

L’un des défis que devra relever la liste sera de se différencier des listes concurrentes, notamment celle d’EELV. Dans leur programme en 21 points, Génération. s et DiEM25 défendent, comme les Verts, un « Green New Deal européen », même si les sommes sont plus importantes chez M. Hamon. Ce dernier a d’ailleurs repris certaines mesures de sa campagne présidentielle de 2017, comme l’interdiction des perturbateurs endocriniens, la taxe robot ou le revenu universel, étendus cette fois à l’Union européenne. La lutte contre les traités de libre-échange et contre le poids des lobbies en Europe figure en bonne place, tout comme la création d’un impôt sur la fortune européen et une taxe sur les transactions financières.

A deux mois du scrutin, ces idées seront-elles suffisantes pour le sortir de la nasse ? Benoît Hamon le sait : dans une élection comme dans un escape game, ce qui compte, c’est de trouver la clef qui débloque tout.