Le directeur technique national (DTN) du handball français, Philippe Bana, en 2016. / GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Alors que plusieurs joueuses et joueurs de premier plan viennent de lancer, mercredi 3 avril, une campagne exhortant les instances internationales du handball à mieux prendre en compte leur santé, l’une des figures françaises de ce sport a été sanctionnée pour s’être élevée, à plusieurs reprises, contre les rythmes infernaux imposés à ces athlètes.

Le directeur technique national français (DTN), Philippe Bana, a ainsi été exclu de la commission d’organisation et de compétition (COC) de la Fédération internationale de handball (IHF), a appris Le Monde.

« Philippe Bana s’est ému à voix haute du rythme des rencontres pendant le Mondial 2019, et il s’est fait récemment exclure de l’IHF, a révélé au Monde un membre du syndicat européen des joueurs de handball (EPHU). Voilà la réponse qui est donnée quand on râle un peu. »

« Une procédure en commission d’éthique est en cours au sujet de mes récriminations autour de la charge de travail et le fait que je me sois mis en travers de ça », confirme le principal intéressé, joint par Le Monde.

S’il avait été reconduit à ce poste en 2017 lors du congrès de l’IHF, Philippe Bana n’apparaît déjà plus sur le site Internet de la Fédération internationale parmi les membres de la commission d’organisation et de compétition.

Contactée, la Fédération internationale a confirmé cette information. « Philippe Bana a été exclu de cette commission par une décision du conseil [le gouvernement de l’instance], fin janvier », déclare au Monde une porte-parole de l’IHF, sans préciser les motivations de cette décision.

« Fédération du Moyen Age »

Selon les statuts de l’IHF, les membres de cette commission sportive aux fonctions élargies – de l’organisation des compétitions aux modifications des règles du jeu – sont nommés pour quatre ans et peuvent être, en cas de nécessité, « révoqués par le conseil » (comme dans chacune des cinq commissions de l’IHF).

Avant le Mondial, qui avait lieu en janvier en Allemagne et au Danemark, Philippe Bana s’était élevé à plusieurs reprises contre les nombreux matchs d’affilée imposés aux équipes (les Bleus ont, par exemple, disputé dix rencontres en dix-sept jours) et les journées de repos passées à voyager de ville hôte en ville hôte.

Outre le calendrier, l’architecte de la réussite du hand français avait également ciblé « une fédération internationale du Moyen Age », et l’incapacité de celle-ci à développer son sport sur tous les continents. « L’IHF, c’est momie land », avait-il fustigé dans Ouest-France au cours de ce Mondial, inquiet de la possible disparition du handball aux Jeux olympiques.