Trois membres du cabinet d’Emmanuel Macron vont être entendus par la justice dans l’affaire Benalla, sur le volet concernant l’utilisation indue de passeports diplomatiques. Alexis Kohler, le secrétaire général, Patrick Strzoda, le directeur du cabinet et François-Xavier Lauch, le chef de cabinet, répondront aux questions des juges sous le statut de simple témoin a annoncé l’Elysée au Monde, confirmant une information de RTL. Les enquêteurs cherchent à déterminer dans quelles conditions Alexandre Benalla, ex-chargé de mission de la présidence, a pu utiliser ces documents officiels d’août à décembre 2018 pour de nombreux déplacements à l’étranger, quand bien même il n’était plus en poste au Château.

Cette « affaire dans l’affaire » avait été révélée en décembre par Mediapart. Le jeune homme de 27 ans s’était notamment servi de ces passeports pour voyager au Tchad, quelques jours avant une visite sur place d’Emmanuel Macron. Les investigations avaient ensuite montré que ce n’était pas la première fois qu’il en faisait de même pour franchir les frontières.

Vingt utilisations en cinq mois

Interrogé sur la question lors de son audition devant la commission d’enquête du Sénat le 16 janvier, Patrick Strzoda, le directeur de cabinet de l’Elysée, avait révélé qu’il les avait utilisés une vingtaine de fois en cinq mois. Par ailleurs, il avait expliqué qu’Alexandre Benalla possédait cinq passeports dont quatre toujours actifs, trois étant des passeports diplomatiques délivrés par le Quai d’Orsay et deux des passeports de service. Un nombre surprenant pour un simple chargé de mission.

La présidence, ainsi que le ministère des affaires étrangères, avaient mis peu de diligence à réclamer le retour de ces documents officiels ou à procéder à leur annulation, attendant à chaque fois les révélations de la presse pour agir. Quant à Alexandre Benalla, il a assuré devant la commission d’enquête du Sénat qu’il avait laissé ses passeports dans son bureau à son départ de l’Elysée, et qu’un membre de la présidence les lui avait ensuite ramenés avec toutes ses affaires. Une version qui n’a pas convaincu les sénateurs : ils ont transmis à la justice les éléments sur ces déclarations, estimant qu’il s’agissait d’un parjure devant la représentation nationale.

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