Le stand de la French Tech, au Consumer Electronics Show de Las Vegas, en janvier. / ROBERT LEVER / AFP

L’effet Emmanuel Macron n’est toujours pas épuisé et, pour l’instant, les « gilets jaunes » et les violences de certaines manifestations n’ont pas eu d’importants effets sur les investissements internationaux. En 2018, ils ont poursuivi leur croissance, selon les données de l’agence nationale Business France présentées jeudi 4 avril.

Avec 1 323 projets d’investissement étrangers enregistrés, contre 1 298 en 2017, l’Hexagone attire toujours autant. « La croissance de 2 % en 2018 est moins forte qu’en 2017 (15 %), mais le site France a réussi à faire venir 420 nouvelles entreprises », salue Christophe Lecourtier, le directeur général de Business France.

L’an dernier, l’élection de M. Macron avait entraîné un véritable emballement du nombre de projets. « C’était une année extraordinaire, qui avait vu le dégel de nombreux projets d’investissement », rappelle M. Lecourtier.

Malgré un climat économique mondial morose en 2018, avec la guerre commerciale sino-américaine, le Brexit ou le yo-yo des prix de l’énergie, la France a su tirer son épingle du jeu, en attirant 20 % des projets d’investissement étrangers sur le Vieux Continent, contre 16 % pour le Royaume-Uni ou 14 % pour l’Allemagne.

Qualité des ingénieurs, dynamisme de la French Tech

Du côté de l’emploi, les décisions d’investissement ont permis la création ou le maintien de 30 302 postes en 2018, soit 3 000 de moins que l’année précédente. Le nombre de postes sauvegardés s’est effondré (– 4 000) « à la suite du recul du nombre de reprises de sites en difficulté (– 25 %) », souligne Business France.

Restent d’autres motifs de satisfaction pour le gouvernement et sa politique en faveur de l’industrie. Près du quart des investissements sont consacrés à ce secteur, avec, à la clé, la sauvegarde ou la création de 11 300 emplois, preuve que la désindustrialisation de la France n’est pas une fatalité. « On dénombre d’importants investissements américains et allemands, et notamment d’entreprises de taille intermédiaire, note M. Lecourtier. Cela s’explique, le Mittelstand allemand a du mal à recruter à la fois en Allemagne et dans les pays d’Europe centrale, donc il se tourne vers nous. »

Business France cite en exemple l’investissement de 110 millions d’euros du groupe d’outre-Rhin Knauf Insulation, qui crée une usine en Moselle, avec, à la clé, quelque 120 CDI, ou l’entreprise américaine spécialisée dans la production 3D, PostProcess Technologies, qui s’installe à Sophia Antipolis (Alpes-Maritimes). De même, les premiers effets du Brexit se ressentent déjà en France, avec un bond de 33 % des investissements dans le secteur financier.

Autres forces du « site France », la qualité de ses ingénieurs, le dynamisme, toujours important, de la French Tech, et son cadre fiscal ultra-avantageux, grâce au crédit d’impôt recherche pour les centres de R&D. En 2018, pas moins de 129 projets d’investissement dans ce domaine ont été engagés, dont l’installation d’un centre de R&D d’Uber, la création d’un incubateur de la société informatique SAP. C’est une progression de 10 % sur un an.

« [Pour 2019], les premiers signes sont positifs, assure M. Lecourtier. Malgré les “gilets jaunes”, on note un très bon dynamisme des investissements étrangers sur les trois premiers mois. »