Nous le répétons souvent, les smartphones à 1 000 euros sont exagérément chers ; mais difficile de résister à la tentation de confronter ces deux mobiles-ci : le Samsung Galaxy S10 + (sorti le 9 mars) et le Huawei P30 pro (le 5 avril). Ils ont beau être hors de prix, ce sont les vitrines technologiques des numéros un et deux mondiaux du smartphone Android. Leur opposition est d’autant plus stimulante que chaque année le chinois Huawei se rapproche du coréen Samsung, si bien qu’en ce printemps 2019, son P30 pro pourrait enfin se hisser au niveau du S10 +.

Les deux smartphones embarquent trois capteurs photos abrités dans un compartiment qui dépasse. Lorsqu’on pose le Huawei P30 pro sur une table, ce compartiment le rend bancal. Le Samsung échappe à ce petit problème.

Photographie

Avantage Huawei

Ces deux smartphones sont de redoutables appareils photo. La qualité de leurs clichés et la polyvalence de leur zoom convaincront plus d’un utilisateur d’appareil classique de le laisser au placard. Pour y parvenir, Samsung et Huawei leur ont greffé plusieurs capteurs photo, au nombre de trois, pour offrir trois niveaux de zoom.

Les trois capteurs photo du Huawei permettent de zoomer X10, ceux du Samsung X3 seulement. Chez Samsung, la focale de ces trois objectifs est de 12 mm, 26 mm et 52 mm (en équivalent 24 x 36). Chez Huawei, elle s’échelonne de 16 mm à 27 mm puis à 125 mm. / NICOLAS SIX / LE MONDE

• Zoom : Sur ces clichés capturés à une douzaine de mètres d’une fresque, on constate que le Huawei P30 pro, quand son zoom est calé sur la position la plus basse, voit très large, mais pas autant que le Samsung S10 +. Ce dernier réussira de plus belles photos de monuments quand on ne peut pas prendre de recul, il se débrouillera mieux dans les ruelles étroites d’un village charmant.

En revanche, le Huawei voit beaucoup plus loin que le Samsung : on peut zoomer beaucoup plus fort sans perdre de qualité. Cet exploit ne doit rien au hasard : le Huawei intègre un long zoom caché sous sa coque grâce à un astucieux système de périscope.

Curieusement, le niveau de zoom maximal qu’on peut obtenir avec le Samsung est identique à celui du Huawei. Les fabricants trichent en permettant aux utilisateurs de zoomer au-delà des capacités physiques de leurs capteurs photo, jusqu’à l’équivalent d’un objectif de 270 mm. Mais le résultat est nettement meilleur avec le Huawei P30 pro. / NICOLAS SIX / LE MONDE

• Nuit : Malheureusement, quand la nuit tombe, ou quand on pénètre dans une maison sombre, le zoom devient inutilisable, tout comme le grand-angle. Seul le niveau moyen de zoom demeure exploitable, sur le Samsung comme sur le Huawei. Cela n’est pas une catastrophe car c’est le niveau de zoom qu’on retrouve sur les smartphones classiques, dotés d’un seul capteur photo.

La nuit, on constate que le Huawei capture des images étonnantes, nettement plus réussies que celles du Samsung, et souvent meilleures que celles de l’ex-référence en la matière, le Pixel 3 XL de Google.

Le Huawei P30 pro se contente d’un éclairage plus maigre que ses concurrents. De nuit, l’écart n’est pas toujours aussi spectaculaire entre ces trois appareils, mais il est souvent à la faveur du Huawei. / NICOLAS SIX / LE MONDE

C’est d’autant plus remarquable que le Huawei s’adapte automatiquement au manque de lumière, alors que le Pixel ne donne le meilleur de lui que lorsqu’on active le mode « nuit », et qu’on photographie sans bouger pendant plusieurs secondes, le temps nécessaire au Pixel pour capturer et assembler plusieurs clichés. Avec le Huawei, la photo est automatique et instantanée.

• Jour : La journée, les photos du Samsung et du Huawei sont difficiles à départager. Tous deux font très peu d’erreurs, même quand on essaye de les piéger en capturant un chat noir à contre-jour par exemple.

Les photos du Samsung sont souvent un peu plus colorées.

On remarque cependant que le Samsung capture des photos un rien plus contrastées, aux couleurs plus vives et plus chaudes. Les photos du Huawei sont plus sobres, mais les départager est vraiment une affaire de goût.

Portrait : Etrangement, les portraits de ces deux appareils sont moins convaincants. Le Huawei capture des photos grand angle qui déforment les visages et les corps. Le Samsung pourrait mieux faire, en s’appuyant sur son petit zoom (52 mm), idéal pour les portraits. Mais curieusement, en mode « portrait », cet objectif est désactivé. Comme pour le Huawei, il faut se contenter de photos un peu déformées, ou employer le « faux zoom » numérique de l’appareil, qui dégrade la qualité d’image. L’iPhone XS se débrouille plutôt mieux. On reste toutefois loin de la douceur d’un portrait tiré avec un reflex haut de gamme.

Selfie : Nous n’avons pas testé la caméra selfie de ces smartphones, mais l’entreprise française DxOMark fait des tests détaillés de cette fonction. Selon ses conclusions, le Samsung prend des selfies de qualité sensiblement meilleure.

Confort

Avantage Samsung

Sans conteste excellent, l’écran du Huawei est presque aussi confortable que celui du Samsung. Sa surface est quasiment aussi vaste, son respect des couleurs est presque aussi fidèle, sa lisibilité au soleil est même un peu supérieure. On regrette seulement que ses bords droit et gauche soient un peu trop inclinés : cela gêne occasionnellement la lecture.

Dans la main, le Huawei est légèrement moins confortable que le Samsung. Un rien plus épais, et plus allongé vers le haut, il s’avère encore plus pénible à manipuler à une main : le pouce arrive un peu moins bien à toucher toutes les zones de l’écran. On est donc contraint de le faire glisser dans la main plus souvent, pour permettre au pouce d’atteindre les boutons trop éloignés. La manœuvre est compliquée par le poids du Huawei, presque vingt grammes plus lourd que le Samsung.

Heureusement, Huawei a eu la bonne idée de transformer ses applications pour faciliter leur manipulation à une main, en déplaçant leurs boutons vers le bas. C’est très pratique, et par bonheur, Samsung a eu la même idée. C’est la raison pour laquelle nous recommandons d’accepter l’installation d’applications Samsung lorsqu’on allume le S10 + pour la première fois.

Simplicité

Egalité

Ces deux smartphones sont plutôt faciles à utiliser. Les applications Huawei et Samsung sont claires et épurées. Leurs icônes sont relativement faciles à distinguer les unes des autres. En revanche, les applications du Samsung S10 + sont rangées dans un tiroir séparé, ce qui impose à l’utilisateur un niveau de complexité supplémentaire, alors que sur le Huawei, elles sont simplement posées sur la page centrale du mobile, exactement comme sur un iPhone. Si vous êtes un grand débutant, ou si vous êtes habitués aux mobiles Apple, vous trouverez vos marques plus facilement sur le P30 pro. Si vous êtes un fidèle d’Android, c’est le Samsung S10 + qui vous déboussolera le moins. Il faudra cependant vous faire à son lecteur d’empreintes digitales placé sous l’écran, plus capricieux que celui du Huawei P30 pro.

Les connaisseurs noteront que les deux smartphones permettent de modifier l’apparence de leurs menus pour se rapprocher de l’ergonomie classique d’Android, ou, au contraire, la personnaliser en profondeur. Ces utilisateurs-là noteront aussi que le S10 +, fidèle aux principes de Samsung, propose beaucoup de réglages avancés comme l’équilibrage des couleurs ou l’égalisation sonore. Mais le P30 pro est loin d’être en reste, il intègre notamment un émetteur infrarouge qui permet de piloter la télévision, ce dont est dépourvu le S10 +.

D’autres atouts pour faire pencher la balance ?

Egalité

Audio : Le Samsung dispose d’une prise audio qui fait défaut au Huawei, qui n’a pas même la décence de fournir l’adaptateur audio nécessaire pour brancher un casque à sa prise USB-C. Côté Samsung, la prise audio mini-jack est présente d’office, et sa qualité est excellente, ce qui en fait un choix naturel pour les audiophiles intransigeants, du moins ceux qui ne veulent pas entendre parler d’audio sans fil.

Batterie : L’autonomie du Samsung S10 + est plutôt bonne, il est difficile de le mettre à genoux en moins d’un jour, à moins de l’utiliser dix heures d’affilée dans un train, par exemple. En usage modéré, on peut réussir à tenir deux jours. Cependant, le P30 pro de Huawei offre environ 10 % de batterie supplémentaire. En outre, son chargeur est quasiment deux fois plus rapide, il remplit sa batterie aux deux tiers en une demi-heure.

Esthétique : La robe de ces deux mobiles est assez luxueuse, mais la ligne du Samsung est plus élégante et plus élancée.

Rapidité : Le cœur du Samsung S10 + est théoriquement 10 % plus rapide environ que celui du Huawei P30 pro, comme l’indiquent les tests Geekbench et Antutu. Cet écart n’a aucune conséquence sur la rapidité du Huawei au quotidien, comparable à celle du S10 +.

Durabilité : Ces smartphones sont tous deux très fragiles, leur face et leur dos sont habillés de verre, matériau particulièrement sensible qu’on retrouve sur leurs tranches, assez mal protégé par leur pourtour en aluminium. Ces deux mobiles seront coûteux à réparer car leurs pièces détachées en verre incurvé sont chères. Rien ne peut compenser ce défaut majeur, pas même leur cœur très rapide, qui restera véloce dans trois ans, ni leur étanchéité.

Le Huawei P30 pro est un rien plus épais que le Samsung S10+. / NICOLAS SIX / LE MONDE

En conclusion

Match nul ?

Ce duel des meilleurs smartphones Android XL est tout particulièrement serré, au point que nous ne pouvons trancher. Il vous appartient de désigner votre vainqueur. Voici un petit résumé qui, peut-être, vous y aidera :

Le Samsung Galaxy S10 + est plutôt pour vous si :

  • Vous recherchez le smartphone XL le plus élégant qui soit.
  • Vous prenez beaucoup de photos de paysages, de villages, de villes.
  • Vous êtes audiophile et ne jurez que par les casques filaires.

Le Huawei P30 pro est plutôt pour vous si :

  • Votre appareil photo doit être noctambule et zoomer impeccablement.
  • La moindre heure de batterie gagnée est bonne à prendre.
  • Vous manipulez rarement votre mobile à une main.

Rappelons toutefois que ces deux smartphones XL sont encombrants et fort peu confortables en main. On peut leur préférer un mobile plus compact comme l’excellent Samsung Galaxy S10, le petit frère du S10 +, avec lequel il partage quasiment toutes ses fonctionnalités (909 euros). Le S10 n’a pas d’équivalent chez Huawei.

Précisons encore que ces smartphones XL à 1 000 euros sont concurrencés par des modèles certes un peu moins luxueux, confortables et polyvalents, mais qui offrent un rapport qualité prix nettement supérieur. Le OnePlus 6T (560 euros) nous a, par exemple, fait forte impression. Le Xiomi Mi9 (500 euros) lui ressemble beaucoup, tout en proposant un zoom X4 qui rappelle celui du Samsung Galaxy S10 +. Dans la plupart des situations du quotidien, ces deux smartphones sont des outils aussi efficaces que les mobiles à 1 000 euros testés ici.

Pour finir, notons que l’iPhone XS Max est distancié par le Galaxy S10 + comme par le P30 pro grâce à leur confort en main et leur qualité photo. Il ne reste plus au mobile d’Apple que son logiciel iOS pour espérer convaincre.