Des avocats français ont annoncé avoir saisi l’ONU, jeudi 4 avril, concernant l’incarcération « arbitraire » d’opposants camerounais, parmi lesquels Maurice Kamto, dont ils réclament la libération « immédiate ». « Le cabinet Dupond-Moretti & Vey a saisi le Groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations unies, à Genève, de la situation des trois principaux leaders de l’opposition camerounaise et de leurs partisans détenus depuis plus de deux mois dans des conditions arbitraires », ajoutent les avocats dans un communiqué.

Le cabinet d’avocats affirme que Maurice Kamto, Albert Dzongang, Paul Eric Kingue et 150 de leurs partisans « ont été arrêtés de manière totalement illégale, sous des prétextes divers masquant en réalité une volonté de répression politique ». Les avocats rappellent que ces opposants sont inculpés « d’insurrection, rébellion et hostilité contre la patrie […] encourant à ce titre la peine de mort ». Ils se trouvent « en détention provisoire dans le cadre d’une instruction ouverte près le tribunal militaire de Yaoundé, en violation de l’interdiction pour un tribunal militaire de juger des civils qui s’impose en droit camerounais ».

« Au regard de l’inefficacité de tout recours interne et de l’opposition des autorités camerounaises à toute forme de dialogue », les prisonniers demandent à l’ONU, par la voix de leurs avocats, « de constater les graves manquements à leurs droits les plus élémentaires ».

« Hold-up électoral »

Président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) et avocat de renom, Maurice Kamto a été arrêté avec environ 150 manifestants à la suite d’une marche pacifique le 26 janvier. Ils protestaient contre la victoire du président sortant, Paul Biya, 86 ans dont trente-six au pouvoir, à la présidentielle de 2018, qualifiée par M. Kamto de « hold-up électoral ».

L’avocat français Eric Dupond-Moretti, ténor du barreau de Paris, s’était rendu mi-mars à Yaoundé pour y rencontrer Maurice Kamto dans sa prison. « Nous voulons apaiser une situation qui est ubuesque et qui peut se régler avec un peu de bonne volonté », avait-il déclaré, ajoutant : « Me Kamto redit par ma voix qu’il est tout à fait prêt à discuter avec le président Biya. »

Début mars, l’Union européenne puis l’ONU et les Etats-Unis s’étaient tour à tour interrogés sur le bien-fondé de la procédure contre M. Kamto.