LA LISTE DE LA MATINALE

Pour occuper les enfants le week-end ou en vacances, alternatives aux dessins animés ou aux jeux vidéo, les podcasts peuvent être des précieux soutiens. En voilà une sélection destinée aux jeunes oreilles, mais aussi aux parents qui ont envie de partager leur expérience : non, vous n’êtes pas seul !

  • Pour les enfants

« Petits curieux » : le pourquoi du comment

Dis maman/papa/mamie, et pourquoi-ci, et pourquoi-ça ? Que celles et ceux qui n’ont jamais entendu ce genre de questions – à des moments parfois/souvent incroyablement inconvenants (avant le premier café) ou pénibles (à l’heure du coucher, alors que l’on est soi-même parfois/souvent aussi fatigué que l’enfant) – se fassent immédiatement connaître !

Aussi ce podcast semble tout droit – et si tant est que cela soit scientifiquement possible – tombé du ciel. Intitulé « Petits curieux », il propose depuis décembre 2018 des réponses – simples – à des questions plus ou moins existentielles, telles que « Pourquoi le chocolat blanc est-il blanc ? », « Est-il possible de bronzer derrière une vitre ? », « Peut-on vraiment mourir de rire ? » Un format court et sympathique. Emilie Grangeray

Périodicité : irrégulière.

Petits curieux (pour les 4-11 ans). Disponible sur Itunes.

« Oli » : c’est l’heure du dodo

Le soir venu, Alain Mabanckou et Geneviève Brisac s’invitent dans la chambre des petits. Disponible depuis septembre 2018, le podcast de France Inter est le dernier-né dans la catégorie des histoires audio pour enfants. La radio publique a demandé à des auteurs francophones d’imaginer des contes qu’ils liraient eux-mêmes, accompagnés de fonds musicaux et sonores.

On peut ainsi entendre Delphine de Vigan déployer son talent narratif en version courte autour d’une banale affaire de poisson rouge mort. L’histoire commence bien : « Le jour où j’ai entendu papa dire “oh merde !” »… Claude Ponti, maître incontesté de l’imaginaire enfantin, s’attache à une bouloche sous un lit. On écouterait sa voix paisible et envoûtante des heures durant. Agnès Desarthe déroule un drôle de mystère autour d’une maman qui disparaît à l’heure du dîner pour « réfléchir » et qui a mal au cœur. Que lui arrive-t-il donc, s’interroge le narrateur, son fils unique (plus pour longtemps) ? Parmi les conteurs de ces histoires courtes, citons encore Leïla Slimani, Guillaume Meurice, Simon Liberati… Une bibliothèque alimentée régulièrement. Clara Georges

Périodicité : irrégulière

De 5 à 7 ans. Episodes de 8 à 12 min. Disponible sur iTunes.

« La voix haute » : un conteur pour petits et grands

Cela a commencé comme un accident : le comédien voix Matthieu Farcy travaillait sur les techniques narratives, en 2016, en enregistrant des histoires pour enfants, lorsqu’il a rencontré un succès inattendu. « Très vite, je suis arrivé en tête du classement “enfants et famille” de la plate-forme de podcasts d’iTunes. Donc je me suis mis à fournir une histoire par semaine. »

D’abord, il s’attaque à des auteurs tombés dans le domaine public (Maupassant, Dickens, Théophile Gautier…), puis il choisit des auteurs contemporains, négocie avec leurs éditeurs, élabore des versions abrégées de leurs romans pour enfants et les lit, de sa voix douce et grave, en s’accompagnant parfois de musique. Beaucoup sont tirés des histoires de Dorothée Piatek (éditions Petit à Petit, Seuil Jeunesse). Plus de 100 épisodes sont disponibles, dont un Sleepy Hollow en quatre parties ou un long Ivanohé. Parmi les derniers mis en ligne, des contes de lauréats du Festival de Rouen-Normandie du livre de jeunesse. Clara Georges

Périodicité : irrégulière

A partir de 6-8 ans. Episodes de 15 à 25 min. Disponible sur iTunes.

  • Pour les parents

« L’as-tu lu mon p’tit loup ? » : pour petits rats de bibliothèque

C’est l’une des plus anciennes émissions de France Inter (30 ans et des poussières), et donc une valeur archi-sûre, laquelle, d’ailleurs, et contrairement à nous, n’a pas pris une ride. « L’as-tu lu mon p’tit loup ? » est l’émission préférée des parents qui se demandent – et ce d’autant que l’offre en matière de littérature jeunesse est, réjouissons-nous, pléthorique – ce qu’ils vont bien pouvoir choisir. Ce sont ainsi près de 3 000 titres que Denis Cheissoux aura fait connaître aux auditeurs, constituant ainsi et depuis le temps une sorte de bibliothèque idéale.

Aussi serait-on bien en peine de sélectionner un épisode plus qu’un autre, même si les éditions Gallimard s’étaient risquées à établir une jolie sélection pour les 25 ans de l’émission, sous une couverture signée Olivier Tallec, un des illustrateurs jeunesse les plus talentueux. Donner à voir et à entendre ce qui se fait de mieux en littérature jeunesse, sans snobisme mais avec une belle rigueur, de façon joyeuse mais sans s’interdire les sujets plus graves ni ceux qui fâchent, le tout en cinq petites minutes, l’émission a réussi son pari. E. G.

Périodicité : hebdomadaire

« L’as-tu lu mon p’tit loup ? », sur France Inter le dimanche, de 19 h 55 à 20 heures. www.franceinter.fr/emissions/l-tu-lu-mon-p-tit-loup. Disponible sur Itunes.

« La Matrescence » : comment devient-on mère ?

Autant le dire d’emblée, à écouter nombre de podcasts sur la parentalité, nous avons bien failli rendre tablier, tablette et carte de presse tant les banalités et généralités abondent. Mais, ô joie, un nouveau-né intitulé « La Matrescence », dont seuls trois épisodes sont pour l’instant disponibles, s’avère prometteur.

Ce bébé est celui de Clémentine Sarlat, journaliste de formation. Quand elle accouche, en 2017, elle a beau n’être qu’amour pour son petit, elle se sent « démunie », « isolée », et commence alors à lire sur ce que l’on appelle parfois le quatrième trimestre, le post-partum, et surtout la « matrescence », contraction des mots maternité et adolescence. Mais encore ? Selon, l’anthropologue américaine Dana Raphaël (1926-2016), il s’agit des transformations que subit la mère dans « son être physique, sa vie affective, son statut au sein du groupe, sa propre identité féminine ». Le concept est bien connu aux Etats-Unis, mais peu encore en France.

Dans l’épisode 2, Clémentine Sarlat interroge Marie – alias LittlebunBao pour celles et ceux qui la suivent sur les réseaux sociaux. La jeune femme évoque les remises en question et bouleversements liés la naissance de sa fille, mais aussi comment la langue des signes lui a permis de renforcer ses liens avec son bébé, qui entend pourtant parfaitement bien. Le dernier épisode mis en ligne est consacré aux « doulas ». Proposant d’accompagner les familles en devenir, les doulas permettraient de réduire le nombre de césariennes, le recours à la péridurale et aux analgésiques, favoriser l’allaitement… Non reconnue en France, cette profession très en vogue aux Etats-Unis suscite méfiance et interrogations. Ce troisième épisode, assez partisan, permettra tout de même à chacun de se faire une idée. E. G.

Périodicité : hebdomadaire pour l’instant

« La Matrescence », podcast de Clémentine Sarlat. Disponible sur iTunes.

Et en bonus en anglais, « Mom and Dad Are Fighting »

Produit par Slate, ce podcast est animé par un père et une mère (mais qui ne le sont pas ensemble), Gabriel Roth et Rebecca Lavoie, et ratisse très large : comment parler de la mort à ses enfants, faut-il leur expliquer pourquoi on est en froid avec un membre de la famille, doit-on vraiment faire des dîners « maison » ?…

Ces émissions hebdomadaires, au ton décontracté mais au propos sérieux, s’adressent à tous les parents, quel que soit l’âge de leurs enfants. Chaque épisode est articulé autour d’une question centrale mais traite également de deux ou trois actualités annexes. Souvent drôle, toujours instructif, ce podcast est relativement accessible si l’on a un niveau d’anglais moyen. Audrey Fournier

Périodicité : hebdomadaire

Disponible sur Slate.com et sur iTunes.