Nissan presente sa technologie e-Power. / Nissan

Depuis plusieurs années, une forme de Yalta à la japonaise avait distribué les cartes de l’électrification des véhicules : d’une part, Toyota était le maître incontesté de l’hybride, et d’autre part, Nissan le champion exclusif du 100 % électrique. Mais voilà que l’allié de Renault compte faire bouger les lignes avec une technologie de son cru totalement originale : l’e-Power. Commercialisée au Japon depuis 2016, présentée début mars sur le stand Nissan du Salon automobile de Genève (avec un concept de SUV baptisé IMQ), la technologie e-Power devrait être déployée en Europe en 2022.

Une fonction de générateur

Le système consiste grosso modo à mettre un moteur thermique dans une voiture électrique, lequel a pour seule fonction de faire office de générateur et donc de charger la batterie. « Nous sommes partis de notre expérience de la Nissan Leaf, berline électrique la plus vendue en Europe et dans le monde, pour inventer l’e-Power », explique Gianluca de Ficchy, le président de Nissan Europe. La propulsion d’un véhicule e-Power est la même que celle d’une Leaf : seul le moteur électrique alimenté par la batterie fait tourner les roues.

Point fort de l’e-Power, le gain de consommation : – 30 % par rapport au même véhicule dans sa version thermique traditionnelle.

Le principe est donc assez différent des technologies hybrides classiques, où le moteur électrique et le moteur thermique peuvent être à tour de rôle (ou ensemble) en prise avec les roues, en fonction du niveau de puissance requis et de la charge de la batterie. L’innovation de Nissan crée quasiment une nouvelle catégorie dans la grande famille des voitures électrifiées. Elle n’a en tout cas pas d’équivalent dans l’industrie automobile. BMW propose, sur certaines versions de ses i3, des petits moteurs thermiques qui servent à prolonger l’autonomie. Mais le véhicule se charge avant tout sur le réseau avec un câble, contrairement aux Nissan e-Power, qui n’ont pas de prise de recharge.

Pourquoi faire tourner un moteur à explosion s’il ne propulse pas la voiture ? Chez Nissan, on assure que les avantages sont multiples. D’abord, le véhicule procurerait les agréments de conduite d’une voiture 100 % électrique : accélération instantanée, absence de vibrations, silence (même si des essais au Japon réalisés par un journaliste du site d’information Automobile propre relativisent ce dernier atout). Autre point fort de l’e-Power, le gain de consommation : – 30 % par rapport au même véhicule dans sa version thermique traditionnelle.

Un succès au Japon

Les clients japonais de Nissan ont, en tout cas, l’air d’apprécier l’innovation. La technologie e-Power y est actuellement disponible sur deux véhicules : la citadine Nissan Note (équivalent d’une Toyota Yaris ou d’une Peugeot 208) et le monospace compact Serena, un best-seller dans l’Archipel. Plus de 70 % des Note et près de la moitié des Serena qui y sont vendues sont équipées de cette motorisation. « Depuis le lancement de sa version e-Power il y a trois ans, la Nissan Note est devenue la voiture numéro un des ventes au Japon », souligne M. de Ficchy.

De quoi inspirer le nouveau patron de Nissan Europe (depuis avril 2018), la marque ayant plus que besoin de booster ses ventes sur le Vieux Continent. Le groupe automobile japonais a vu ses immatriculations reculer de 14 % en Europe en 2018 et de 17,6 % en France. Nissan a pris la décision, le 12 mars dernier, de retirer d’Europe sa marque de luxe Infinity l’an prochain. Et ce n’est que le début d’une vaste réorganisation de sa politique commerciale, dont l’électrification des véhicules sera l’un des piliers. Les ventes de véhicules Nissan électrifiés – dont les e-Power – devraient être multipliées par cinq d’ici à 2022, promet-on chez Nissan.