Une rencontre au Sénat prévue mardi 9 avril dans la matinée entre des sénateurs et une délégation de « gilets jaunes » – dont Eric Drouet, l’une des figures du mouvement –, a été annulée à la dernière minute, du fait de « risque de trouble à l’ordre public ».

La présidente de la commission spéciale sur le projet de loi Pacte, Catherine Fournier (centriste), ainsi qu’un des corapporteurs, Jean-François Husson (LR), devaient recevoir cette délégation au sujet de la privatisation programmée d’Aéroports de Paris (ADP). Lundi soir, la délégation a rendu publique cette rencontre, entraînant sa médiatisation.

Mardi, un certain flottement a régné jusqu’au dernier moment sur le lieu où elle pourrait se tenir, avant qu’elle ne soit finalement annulée, sur décision de la présidence du Sénat. « Manifestement, dans la composition de la délégation, en dernière minute, certaines figures médiatiques se sont invitées dans la ronde », a fait savoir à la presse M. Husson, visant Eric Drouet.

Mobilisation devant le Sénat

Le rendez-vous de ce mardi a suscité l’ire du gouvernement. « Cette invitation n’est pas responsable, ce n’est pas ça qui fera avancer le débat », a critiqué le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, sur Franceinfo. « Je ne vois pas en quoi M. Drouet est plus qualifié qu’un autre et pourquoi le Sénat, sinon pour se faire remarquer, l’invite à débattre de ce sujet », a-t-il ajouté. « A titre personnel », Julien Denormandie, ministre de la ville et proche d’Emmanuel Macron, s’est, pour sa part, déclaré « profondément » choqué sur CNEWS.

« On ne peut pas dire encore si c’est ma présence ou pas qui dérange ou si c’est cette réunion-là en elle-même qui dérange au gouvernement », a réagi Eric Drouet sur BFM-TV. Un rassemblement de « gilets jaunes » est prévu en début d’après-midi devant le Sénat. « Il y aura une grosse mobilisation cet après-midi à 14 h 30, qui est déclarée devant le Sénat, justement par rapport à cette annulation de rendez-vous et au fait que les gens contestent cette vente d’aéroports », a-t-il précisé.

Les sénateurs entameront mardi après-midi l’examen du projet de loi Pacte, en nouvelle lecture. Mais les débats devraient tourner court puisque la commission spéciale va proposer une motion tendant à opposer la question préalable. Si elle est adoptée – ce qui ne fait guère de doute –, cette motion entraînera le rejet du texte d’emblée.

En première lecture, le Sénat s’était opposé à plusieurs mesures-phares du texte, notamment la privatisation d’ADP et de la Française des jeux. Le texte doit être adopté définitivement par le Parlement jeudi, via un ultime vote de l’Assemblée nationale, qui a le dernier mot.