Les hébergements français ont fait le plein de touristes en 2018, atteignant une fréquentation record, a indiqué l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) mardi 9 avril. L’ensemble des hébergements touristiques collectifs de l’Hexagone – des hôtels aux campings, en passant par les villages vacances et auberges de jeunesse – ont enregistré un total de 438,2 millions de nuitées l’an dernier, soit 9 millions de plus qu’en 2017.

L’Insee met en avant « un nouveau record de fréquentation, malgré une année marquée par [deux] mouvements sociaux importants d’ampleur nationale », soit les grèves dans les transports aériens et ferroviaires au deuxième trimestre, puis le mouvement des « gilets jaunes » à partir de la mi-novembre.

Ces manifestations parfois violentes, organisées tous les samedis, ont cependant eu un net impact sur la fréquentation hôtelière en décembre, qui s’inscrit en recul de 1,1 % sur l’ensemble du territoire, et de 5,3 % à Paris, selon les données de trois enquêtes nationales compilées par l’Insee.

« 2018 a été une très bonne année, qui aurait pu être excellente sans l’impact des “gilets jaunes” fin novembre et en décembre », résume Franck Delvau, coprésident pour Paris et l’Ile-de-France de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih), principale organisation professionnelle du secteur.

Ce sont principalement les visiteurs étrangers qui sont à l’origine de ce record de fréquentation : leurs nuitées bondissent de 5,4 %, contre un petit +0,8 % du côté des touristes français – qui continuent de représenter 62 % des clients des hôtels de l’Hexagone. Les plus fortes croissances sont celles des clientèles italienne (+13,2 % de nuitées supplémentaires), espagnole (+11 %) et allemande (+9,4 %).

Au cours de l’année 2018, l’hôtellerie est restée le premier mode d’hébergement collectif dans l’Hexagone, « malgré la concurrence des hébergements individuels proposés par des particuliers via des plates-formes Internet », comme Airbnb ou Abritel dit l’Insee, qui ne les recense pas.

Pour 2019, le Brexit inquiète

Au Splendid, un hôtel de charme 4 étoiles indépendant de soixante-deux chambres, le plus vieux de Cannes (1871), situé sur la Croisette, l’année 2018 a été « satisfaisante, meilleure que 2017 mais pas exceptionnelle », rapporte à l’Agence France-Presse (AFP) le directeur commercial, Gérald Pisano. « Notre taux d’occupation est passé de 73,76 % à 74,34 %. Notre clientèle est assez internationale, nous avons beaucoup d’Italiens, d’Allemands, de Suisses, et mai et septembre ont été excellents », détaille-t-il. « Mais, en décembre, nous avons eu une grosse chute de fréquentation à cause du mouvement des gilets jaunes qui a été catastrophique pour l’image de la France : les gens ont peur, ils réservent moins », explique M. Pisano. Le taux d’occupation du Splendid est ainsi tombé à 53 %, quand il était de 66 % en décembre 2017.

Autre type d’hébergement prisé des vacanciers, le camping (+0,8 % de nuitées) avec un engouement plus important pour les emplacements équipés (mobile homes, chalets, bungalows, tipis et yourtes) que pour les emplacements « nus » où l’on plante sa tente. « Nous avons fait une excellente année, avec +19 % de croissance, mais ça aurait été encore mieux si on n’avait pas eu les grèves dans les transports qui ont pesé sur l’activité au printemps », résume à l’AFP Céline Bossanne, cofondatrice du groupe Huttopia qui exploite trente-sept campings en France. « Des réservations ne se sont pas faites, en particulier au niveau des clientèles étrangères qui, dès qu’on parle de mouvements sociaux, fuient à vitesse grand V », résume-t-elle.

Concernant l’année 2019, alors que les touristes britanniques sont venus plus nombreux l’an dernier dans l’Hexagone (+5,8 %) où ils constituent la première clientèle étrangère des hôtels, une certaine inquiétude apparaît chez les professionnels à la veille d’un Brexit aux modalités toujours incertaines. Au Splendid de Cannes, les vacanciers venus d’outre-Manche représentent la deuxième clientèle étrangère avec près de 10 % des nuitées en 2018. « Notre hôtel leur plaît, ce sont des habitués qui viennent beaucoup l’été. Nous sommes inquiets, le Brexit, c’est l’inconnu », dit Gérald Pisano.