Démonstration d’un Bubble Taxi sur la Seine, à Paris, le 22 mai 2018. / Philippe Wojazer / REUTERS

C’est une page qui se tourne et une nouvelle étape pour Seabubbles, la start-up lancée en 2016 par le navigateur Alain Thébault et le véliplanchiste suédois Anders Bringdal pour développer des « bateaux volants » électriques. La société va changer de main. « Nos deux familles, qui détenaient deux tiers du capital de l’entreprise Seabubbles France, ont accepté une offre d’une holding suisse, constituée de cinq investisseurs internationaux puissants afin de grandir », confie Alain Thébault.

Si l’entreprise est française, son barycentre s’est largement décalé en Suisse ces derniers mois, où se trouvaient de nombreux fournisseurs de la start-up. Les deux fondateurs de l’entreprise, qui compte une demi-douzaine de salariés en France, « conserveront une grande partie du capital, précise Philippe Joerg, leur conseil du cabinet Berney et Associés, et ils resteront aux commandes de la société ».

Quant aux investisseurs, il s’agit d’industriels suisse, suédois et américain, qui « connaissent à la fois la navigation et le luxe et sont déterminés à rester sur longue durée afin de développer l’entreprise. » Rien d’autre ne sera dévoilé, car l’acte de vente est en cours de finalisation.

De nombreux clients américains, chinois et européens

Déjà testés sur la Seine, le lac Léman ou au large de Miami, les premiers engins devraient être déployés commercialement incessamment sous peu à Paris par un groupe hôtelier, et aux Etats-Unis par Baja Ferries, la société de ferry détenue par l’homme d’affaires Daniel Berrebi. Après cinq premiers bateaux fabriqués en Suisse, la production industrielle a commencé en Thaïlande. Les nouveaux investisseurs permettront d’accélérer le déploiement industriel de la société.

Aujourd’hui, un véhicule est en moyenne produit par semaine, à un prix catalogue de 200 000 euros. Malgré ce tarif, de nombreux clients américains, chinois et européens se presseraient au portillon. « Partout où nous montrons le Seabubble, nous sommes extrêmement bien accueillis », confie Anders Bringdal. L’objectif est toujours de déployer 5 000 engins dans une cinquantaine de villes d’ici 2024.

« La France, et la Seine, sera notre vitrine »

Outre Seabubbles, les deux marins superviseront la diversification de la société. « Nous souhaitons toujours nous rendre utiles, et nous allons nous concentrer sur le développement de la bulle sans conducteur et sur celui d’un Flybus, un engin qui glissera la surface de l’eau sans faire de vague et pourra transporter 49 personnes. L’avenir est au transport collectif et propre sur l’eau », juge M. Thébault, qui travaille actuellement sur les plans et le design de ce bateau sans émission ni vague. Le prototype du Flybus devrait voler sur l’eau d’ici 2020 au plus tôt.

Outre de nouveaux moyens économiques, les deux créateurs veulent également prendre un peu de recul. « Ces derniers mois, nous avons passé de nombreux mois afin de convaincre des administrations, notamment en France, de nous autoriser à tester le Seabubble sur la Seine à des vitesses de 20 ou 25 nœuds, rappelle Alain Thébault. Nous avons obtenu un déplafonnement temporaire de la vitesse, ainsi qu’une promesse d’une autorisation pérenne par le biais une loi, mais que ce fût long. A Miami, nous avons obtenu l’autorisation de circuler en un jour ! Là-bas, notre bulle peut circuler à la vitesse qu’elle souhaite, car elle ne produit pas de vague, ce qui compte le plus pour les autorités. »

De fait, ajoute le navigateur entrepreneur, « la France, et la Seine, sera notre vitrine, mais notre développement se fera ailleurs. » La société va ainsi concentrer ses efforts aux Etats-Unis, où un contrat de distribution exclusive est en cours de négociation pour 20 ans et 5 000 unités avec Baja Ferries, qui a déjà commandé quatre Seabubbles. En Asie, une autre coentreprise de commercialisation est également en projet. Et d’ici cinq à six ans, si le Seabubble s’impose et le Flybus décolle, une mise en Bourse est envisagée.