Au Soudan, les manifestants exhortent l’armée à soutenir leur mouvement
Durée : 01:49

Pour le quatrième jour d’affilée, mardi 9 avril, des milliers de manifestants sont rassemblés à Khartoum, capitale du Soudan, devant le quartier général de l’armée pour réclamer le départ du président Omar Al-Bachir, en fonctions depuis 1989.

Scandant « liberté, liberté », ils appellent l’institution militaire – qui n’a pas participé à la répression des manifestations, contrairement aux forces de sécurité – à soutenir leur mouvement et à discuter d’un « gouvernement de transition » pour remplacer le président Bachir. Jusqu’ici, la hiérarchie de l’armée ne s’est pas désolidarisée du pouvoir du chef de l’Etat. De son côté, la police a appelé, mardi, ses forces « à ne pas intervenir contre les manifestants ».

« Nous demandons à Dieu (…) d’unir le peuple soudanais (…) pour un accord qui soutiendrait un transfert pacifique du pouvoir », a déclaré dans un communiqué le porte-parole de la police. Il a ajouté qu’il avait été « ordonné » aux forces de police de ne « pas intervenir contre les citoyens ou des rassemblements pacifiques ».

Dans la matinée mardi, les forces de sécurité du puissant Service national de renseignement et de sécurité (NISS) et la police antiémeute, qui mènent la répression, ont tiré des gaz lacrymogènes pour tenter de déloger les manifestants. Mais les soldats du quartier général ont protégé les manifestants présents.

Etat d’urgence instauré le 22 février

La veille, lundi, devant le quartier général de l’armée, l’opposant Omar Al-Digeir, président du Parti soudanais du Congrès, a appelé l’armée à « engager un dialogue direct » avec la Déclaration pour la liberté et le changement, une union de partis d’opposition et de professionnels soudanais, « afin de faciliter un processus pacifique débouchant sur la formation d’un gouvernement de transition ».

« Les forces armées soudanaises comprennent les motifs des manifestations et ne sont pas contre les demandes et les aspirations des citoyens, mais elles ne laisseront pas le pays sombrer dans le chaos », a répondu le ministre de la défense, le général Awad Ahmed Benawf, selon l’agence officielle Suna.

Déclenchées en décembre par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain, les manifestations se sont rapidement transformées en contestation contre M. Al-Bachir. Mais le président, qui dirige le pays depuis bientôt trente ans, refuse de démissionner. Après avoir tenté de réprimer la contestation par la force, il a instauré le 22 février l’état d’urgence.

La mobilisation avait alors nettement baissé, jusqu’à la journée de samedi, date marquant l’anniversaire de la révolte du 6 avril 1985 qui avait permis de renverser le régime du président Jaafar Nimeyri.