Le cofondateur du Front national, Jean-Marie Le Pen, le 9 janvier à Saint-Cloud. / CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Dans le cadre de l’affaire sur les soupçons d’emplois fictifs d’assistants de députés européens du Rassemblement national (ex-Front national), Jean-Marie Le Pen annonce dans un courrier au juge d’instruction, dévoilé mercredi 10 avril par l’AFP, qu’il refuse de se rendre à sa convocation.

Le cofondateur du FN est, en effet, convoqué jeudi au tribunal de Paris, selon son entourage, en vue de sa mise en examen. M. Le Pen est suspecté d’avoir rémunéré son ancien garde du corps, Thierry Légier, et son ancienne secrétaire particulière, Micheline Bruna, sous couvert de contrats d’assistants parlementaires à Bruxelles.

Pour justifier son refus de se rendre à cette convocation, M. Le Pen invoque notamment le recours qu’il a formé contre la levée de son immunité parlementaire, votée le 12 mars par le Parlement européen et qui avait ouvert la voie à cette convocation.

Le député européen fait aussi valoir que le juge a demandé la levée de son immunité pour plusieurs chefs, dont notamment l’abus de confiance, l’escroquerie en bande organisée et le travail dissimulé, mais pas pour « détournement de fonds publics et complicité ». Or, ces infractions sont aussi visées par l’information judiciaire en cours et Jean-Marie Le Pen en conclut qu’il est fondé à faire valoir encore son immunité parlementaire.

Préjudice de 6,8 millions d’euros

Depuis la fin de 2016, les juges enquêtent sur un possible « système » organisé « de manière concertée et délibérée » par le RN et sa présidente, Marine Le Pen, pour financer des salaires de ses permanents en détournant les enveloppes de l’Union européenne destinées à l’emploi de collaborateurs parlementaires. Le Parlement européen a estimé son préjudice à 6,8 millions d’euros pour la période de 2009 à 2017.

Dans cette information judiciaire ouverte initialement pour « abus de confiance », les juges ont procédé à ce stade à dix-neuf mises en examen, dont celle de Marine Le Pen, de son compagnon et ancien député européen Louis Aliot et du Front national, en tant que personne morale. Cette enquête, vivement contestée par le parti et sa présidente qui dénonce une instrumentalisation de la justice à des fins politiques, a été validée par la Cour de cassation le 19 février dernier.