Un élevage de renards polaires, à Gjovik, en Norvège. / HEIKO JUNGE / AFP

Fini le manteau de vison « made in Norway ». Le gouvernement norvégien a présenté, mercredi 10 avril, un texte visant à l’interdiction d’ici à février 2025 des élevages d’animaux à fourrure. Le projet de loi, envoyé au Parlement, interdit après cette date la possession d’animaux voués à être tués « en vue d’une vente ou d’une quelconque autre utilisation de leur fourrure ».

Cette interdiction résulte d’un accord politique conclu en janvier 2018, lorsque le gouvernement de droite s’était élargi au petit Parti libéral. Ce dernier réclamait une telle mesure dans son programme, au nom notamment du bien-être animal.

Si le secteur, premier producteur au monde de fourrures dans les années 1940, s’était fait à l’idée d’un démantèlement progressif, les éleveurs ont dénoncé le niveau d’indemnisation financière prévu par le gouvernement, y voyant une « trahison historique ». Le gouvernement estime à environ 500 millions de couronnes (52 millions d’euros) la somme à verser aux éleveurs au titre du démantèlement ou de la reconversion de leurs activités.

99 % de la production pour l’export

« On nous propose quelques couronnes qui sont loin de réparer le démantèlement programmé des élevages », estime ainsi Guri Wormdahl, porte-parole de l’organisation Norges Pelsdyralslag, représentant les professionnels du secteur. « Tel que cela a été ficelé, cela va mener des éleveurs tout droit à la faillite », a-t-elle fait valoir.

Selon Norges Pelsdyralslag, l’élevage d’animaux à fourrure emploie aujourd’hui quelque 500 personnes dans 200 à 250 fermes, pour un chiffre d’affaires annuel de 300 millions de couronnes (31 millions d’euros) en Norvège. Au pic de la production, en 1939, on y dénombrait jusqu’à 20 000 élevages d’animaux à fourrure.

Actuellement, le pays scandinave produit environ 1 % des peaux de vison du monde, et entre 2 et 3 % des peaux de renard. Quelque 99 % de la production est destinée à l’export, à destination principalement de la Russie et de la Chine – ce dernier pays dominant le marché mondial.

La Norvège n’est pas le premier pays à vouloir démanteler progressivement sa production de fourrure. La monarchie suit ainsi l’exemple du Royaume-Uni (2000), de l’Autriche (2004) et des Pays-Bas (décision votée en 2013, qui sera totalement effective en 2024). L’Allemagne et la République tchèque ont aussi décidé en 2017 de s’engager dans cette voie.

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