Un agriculteur travaille dans son champ près du village de Botor, au Somaliland, en avril 2016. / Siegfried Modola / REUTERS

L’aide publique bilatérale octroyée à l’Afrique a baissé de 4 % en 2018, selon les chiffres publiés mercredi 10 avril par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Elle a atteint 29,7 milliards de dollars (environ 26,4 milliards d’euros), selon la comptabilisation réalisée par le Comité d’aide au développement de l’OCDE (CAD), qui évalue chaque année l’effort de solidarité consenti par les pays industrialisés. « Moins d’aide va aux pays les moins avancés et aux pays africains, où elle est le plus nécessaire. C’est inquiétant », a déclaré Susanna Moorehead, la présidente du CAD, lors de la conférence de presse organisée au siège de l’institution à Paris.

L’aide publique au développement (APD) totale, à destination des pays et des agences internationales, a atteint 149,3 milliards de dollars, en repli de 2,7 % par rapport à 2017. Cette évolution s’explique par la baisse des sommes dépensées pour l’accueil des réfugiés par les pays donateurs. Celles-ci sont en effet comptabilisées dans leur APD. Estimées à 10,6 milliards de dollars, elles ont chuté de près de 30 % l’an dernier. Les aides humanitaires, dont l’Afrique est l’une des principales régions destinataires, sont également en baisse (– 8 %).

Nouvelle méthodologie

Si la France figure parmi les pays dont l’APD totale a augmenté en 2018 (+ 4,4 %, à 12,5 milliards de dollars), lui permettant de rester le cinquième pays donateur, cela ne bénéficie pas à l’Afrique subsaharienne. Selon l’OCDE, « ses apports bilatéraux enregistrent une légère baisse de 1 % ».

Ces chiffres montrent que les promesses faites par le gouvernement français d’accroître très fortement ses financements en faveur du continent ne sont pas encore une réalité. Pour l’instant, comme l’a rappelé Rémy Rioux, le directeur de l’Agence française de développement (AFD, partenaire du Monde Afrique de 2015 à 2018), en commentant les résultats annuels de l’institution financière mercredi matin, cette priorité gouvernementale se traduit par une autorisation d’engagement de 1 milliard d’euros de subventions supplémentaires à destination de l’Afrique pour 2019. Il faudra attendre avril 2020 pour constater si cet argent a bien été décaissé et peut ainsi être comptabilisé dans le bilan de l’OCDE.

Parmi les plus importants donateurs, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Espagne et l’Italie ont également réduit leurs dépenses d’aide en faveur du continent.

Ces chiffres préliminaires de l’OCDE ne permettent pas de savoir quels sont les pays récipiendaires qui font les frais de ce retrait. L’institution a par ailleurs commencé à appliquer la réforme de la comptabilisation de l’aide décidée en 2014 par les membres du CAD. Cette nouvelle méthodologie privilégie l’aide octroyée sous forme de dons et minore, à l’inverse, ce qui relevait jusqu’à présent de prêts. « C’est un moyen plus précis et plus transparent de mesurer l’effort des donateurs. Elle est également conçue pour inciter les donateurs à accorder le plus de prêts concessionnels [à faible taux d’intérêt] et le plus de dons aux pays qui en ont le plus besoin », a précisé Mme Moorehead.