Jerome Powell, le patron de la Réserve fédérale américaine (à gauche) et Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne, à Washington, le 21 avril 2018. / Yuri Gripas / REUTERS

Non, « la Banque centrale européenne [BCE] n’est pas à court d’instruments ». « Oui », elle dispose encore d’une « boîte à outils » pour soutenir l’économie. Lors de ses conférences de presse de janvier et mars, le président de l’institut de Francfort Mario Draghi s’est efforcé de rassurer. Nul doute qu’il le fera encore le 10 avril, à l’issue de la réunion de son comité de politique monétaire. Il n’empêche : même si la BCE s’est plus d’une fois montrée créative, ses marges de manœuvre sont désormais limitées. Si le ralentissement de l’économie empirait, voire tournait à la récession, elle serait bien moins dotée qu’en 2008 pour y faire face. Tout comme les autres grandes banques centrales.

Il y a dix ans, celles-ci ont déployé une série d’armes inédites pour éviter l’effondrement du système financier, puis pour relancer l’activité. Elles ont d’abord réduit leurs taux directeurs, puis ont débuté un programme de rachats de dettes publiques et privées. La BCE a aussi instauré un taux de dépôt négatif (– 0,4 %) : cela revient à taxer les banques sur les liquidités excédentaires qu’elles laissent dans ses coffres, afin de les inciter à prêter plus aux ménages et aux entreprises.

Des emprunts à taux très bas

Ces mesures ont porté leurs fruits, en particulier aux Etats-Unis, où la croissance est repartie vigoureusement dès 2010. Un peu moins dans la zone euro, où l’économie a replongé en récession en 2012. Restent qu’elles ont évité le scénario déflationniste tant redouté pendant la crise. Surtout, elles ont soulagé les finances publiques, en permettant aux Etats d’emprunter à des taux très bas, pendant longtemps.

Seulement voilà : le ralentissement observé aujourd’hui intervient alors que les instituts monétaires n’ont pas eu le temps de remballer leurs armes de crise, ou presque. La Réserve fédérale américaine (Fed) qui a déjà relevé un peu ses taux (ils évoluent entre 2,25 % et 2,50 %), et a commencé à revendre les titres achetés pendant la crise, est en meilleure posture que la BCE, dont le taux directeur est toujours à 0 %. Pour soutenir le crédit, M. Draghi a décidé, en mars, d’accorder un nouveau prêt géant aux banques. En cas de récession, elle pourrait réactiver un peu le quantitative easing ou QE, assouplissement quantitatif, qu’elle a suspendu en mars. Mais guère plus…