Une caméra de BFM-TV, à Paris, le 3 avril. / KENZO TRIBOUILLARD / AFP

BFM-TV ne sera bientôt plus seulement une chaîne d’information en continu, mais un réseau de télévisions locales. Après le lancement en 2016 de BFM Paris, la déclinaison de l’antenne en Ile-de-France, BFM Lyon commencera à émettre à son tour le 26 août. Elle remplacera la chaîne Télé Lyon Métropole (TLM), que le groupe Altice (SFR, BFM, RMC, L’Express, Libération) a rachetée en octobre 2018.

Altice entend se servir de cet ancrage local pour alimenter les autres chaînes du groupe. Les reportages réalisés pour BFM Lyon seront donc amenés à être diffusés au niveau national sur BFM-TV, ou sur RMC Sport. « BFM-TV sera encore plus réactive lorsqu’il y aura une actualité à Lyon », de la même manière que la chaîne « a été renforcée par BFM Paris pour couvrir le mouvement des “gilets jaunes” », a expliqué Damien Bernet, directeur exécutif du pôle média d’Altice, lors d’une conférence de presse du groupe, jeudi 11 avril.

La rédaction lyonnaise comptera quinze journalistes à son lancement, dont une partie issue de TLM. Ils devront faire preuve de polyvalence, puisque les présentateurs seront aussi chargés de la réalisation technique du journal télévisé. De jeunes recrues pourraient venir compléter cette équipe : BFM Lyon a conclu un partenariat avec l’école de journalisme ISCPA. L’établissement disposera d’une antenne dans les locaux de la chaîne, où les élèves seront formés par des journalistes.

Inquiétude des radios et des journaux locaux

Pour générer des revenus avec cette chaîne de proximité, les dirigeants d’Altice ont bon espoir d’attirer les annonceurs publicitaires de la métropole lyonnaise. Parmi eux : « Les restaurateurs, les promoteurs immobiliers, les concessionnaires automobiles ou les acteurs de la distribution », liste M. Bernet. C’est précisément ce qui inquiète les journaux et radios implantées dans la capitale des Gaules, qui redoutent que cet acteur d’envergure vienne cannibaliser le marché publicitaire local, en offrant aux marques une audience bien plus grande.

Fin mars, Espace Group, propriétaire de plusieurs stations lyonnaises (Radio Espace, Jazz Radio, M Radio) a déposé un recours devant le tribunal administratif pour s’opposer au feu vert donné par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) au rachat de TLM par Altice. Le groupe dirigé par Alain Weill assure de son côté que ces médias locaux se trompent de cible, en rappelant que « toute la croissance de la publicité locale a été laissée à Google et Facebook » grâce aux données recueillies par les deux géants auprès de leurs utilisateurs.

Le déploiement des antennes de BFM-TV en région ne s’arrêtera pas à Lyon. Il se poursuivra « étape par étape, dans d’autres grandes villes », a indiqué M. Weill. Cela passera par le rachat d’une chaîne locale existante, comme à Lyon, ou par la création de toutes pièces d’une antenne. Selon nos informations, deux autres chaînes seront lancées dès 2020. Strasbourg, Marseille et Toulouse font figure de favorites.