Les joueuses de l’OL et celles du PSG se livrent en général de rudes oppositions. / FRANCK FIFE / AFP

Indétrônables depuis douze ans, les footballeuses lyonnaises peuvent-elles perdre leur titre de championnes de France ? Ce que l’on considérait impensable il y a encore deux semaines semble désormais possible. Car entre-temps, à la surprise générale, l’Olympique lyonnais a été tenu en échec par la modeste équipe de Fleury (1-1, le 31 mars). Peu habituées à laisser des points en route, en dehors des affrontements avec Paris, ou parfois Montpellier, les Lyonnaises ont offert une opportunité en or à leurs rivales du PSG.

Avec 53 points, le club de la capitale a profité de ce match nul inattendu pour revenir à hauteur de Lyon en championnat. Et les deux cadors de la Division 1 s’affrontent, samedi 13 avril à 20 h 45, pour un choc qui devrait déterminer le futur champion, alors qu’il ne restera plus que deux journées à disputer (Dijon-Lyon et Lyon Metz ; PSG-Bordeaux et Guingamp-PSG). Les Parisiennes doivent s’imposer pour prendre l’avantage, un match nul risquerait de n’être pas suffisant au vu de la différence de buts, favorable aux Lyonnaises.

Coéquipières sous le maillot de l’équipe de France

Ce tournant intervient dans un contexte particulier : trois joueuses parisiennes (Kadidiatou Diani, Eve Perisset et Grace Geyoro) et sept joueuses lyonnaises (Sarah Bouhaddi, Griedge Mbock, Amel Majri, Wendie Renard, Amandine Henry, Eugénie Le Sommer et Delphine Cascarino) ont été coéquipières ces derniers jours - pendant une semaine - sous le maillot de l’équipe de France, en stage de préparation de la Coupe du monde, qui débutera dans moins de deux mois.

« Ce soir, on était coéquipières, samedi on sera ennemies. Forcément, on se taquine entre nous. Je pense que le titre va se jouer même s’il y aura encore des matchs derrière », s’est amusée, lundi 8 avril, la Lyonnaise Amandine Henry, capitaine des Bleues, à l’issue de la victoire (4-0) face aux Danoises.

Latérale droite tricolore, Marion Torrent connaît bien ses partenaires en sélection et elle s’efforce de porter un regard neutre puisqu’elle évolue à Montpellier, troisième de D1 à… 20 points de l’OL et du PSG. « Ça va être un gros match, de haut niveau, avec beaucoup d’internationales de part et d’autre. D’année en année, c’est toujours un match serré. Il est dur de dire qui va gagner, explique-t-elle. Lyon est une grosse écurie et ça être compliqué pour Paris. Maintenant, les Parisiennes ont quelques atouts pour mettre en difficulté les Lyonnaises. »

« Sur dix Lyon-Paris, Lyon va gagner neuf fois »

Au match aller, les deux équipes s’étaient séparées sur un match nul (1-1) à Paris, mais plus récemment, l’OL a éliminé le PSG en quarts de finale de la Coupe de France (1-0, le 10 février). A cette occasion, la milieu de terrain Grace Geyoro a raconté au Monde l’évolution de l’état d’esprit des joueuses parisiennes vis-à-vis de l’ogre lyonnais, quintuple champion d’Europe, le déclencheur ayant été la victoire en finale de cette même Coupe de France la saison dernière (1-0).

« Cette victoire a forcément été une libération après plusieurs années sans titre, surtout face à Lyon. On s’est dit entre nous que l’on pouvait battre les Lyonnaises, explique Grace Geyoro. Cela a été un déclic. Ce n’était pas évident de les jouer avant. On se sent de plus en plus puissantes face à elles. On a l’impression de leur tenir tête. Notre état d’esprit change : on ne part plus avec cette peur. »

Autre internationale passée par les deux clubs (PSG de 2009 à 2012, OL de 2012 à 2015), aujourd’hui joueuse de Dijon, Elise Bussaglia considère que l’OL possède encore une marge. L’expérimentée milieu de terrain de 33 ans remarque en effet un manque de régularité dans la performance des Parisiennes face aux clubs moins huppés. « Sur la durée, l’OL est au-dessus du PSG. Si l’on joue dix Lyon-Paris, Lyon va gagner neuf fois », analyse-t-elle.

Mais c’est aussitôt pour souligner : « Quand les Parisiennes viennent à Dijon, elles sont normalement largement supérieures. On s’accroche, elles ne marquent qu’en fin de match. Or, pour connaître leurs qualités, je sais qu’elles peuvent faire beaucoup plus. Contre les équipes inférieures, elles peinent parfois à imposer le rythme au match. Mais contre Lyon, sur un match, elles sont capables de le faire. »

Les Lyonnaises, qui n’ont perdu qu’un seul match cette saison (lors d’un tournoi amical de préparation aux Etats-Unis, face au North Carolina Courage) doivent plus que jamais se méfier des Parisiennes qui n’ont rien à perdre. La perte du titre national serait un coup dur pour le président lyonnais, Jean-Michel Aulas, qui a déjà assez de soucis à gérer avec son équipe masculine.