Dans les rues de Toulouse samedi. / PASCAL PAVANI / AFP

C’est devenu un rituel du samedi : depuis vingt-deux semaines, les « gilets jaunes » appellent à des rassemblements dans plusieurs villes de France, avec une convergence à Toulouse. La semaine dernière, l’acte XXI avait rassemblé 22 300 personnes au niveau national, selon le ministère de l’intérieur, soit le plus faible décompte officiel depuis le 17 novembre.

  • Lacrymos et incendies à Toulouse

Tirs de projectiles, lacrymogènes et incendie : les tensions n’ont pas tardé à Toulouse, proclamée « capitale des gilets jaunes », où se sont rassemblés samedi 13 avril plusieurs milliers de manifestants, notamment plusieurs leaders du mouvement comme Maxime Nicolle, Eric Drouet et Priscillia Ludosky.

Pour leur 22e journée d’action, les « gilets jaunes » avaient organisé un appel national à se réunir à partir de midi, mais la préfecture avait interdit tout rassemblement sur la place du capitole. Plus de 800 policiers et gendarmes avaient été mobilisés.

Moins d’une heure après le rassemblement du cortège, les manifestants se sont heurtés à des barrages policiers sur la grande avenue menant au centre historique. Les forces de l’ordre ont lancé des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes pour « nasser » les manifestants dans un périmètre restreint. En réplique, certains manifestants ont lancé des projectiles et incendié un engin de chantier, d’autres se sont dispersés par groupes dans le centre-ville dans une ambiance tendue, comme en témoigne un journaliste de France 3 Midi-Pyrénées sur Twitter :

  • Des rassemblements ailleurs en France

L’appel à converger vers Toulouse n’a pas empêché d’autres cortèges de se former dans d’autres villes, y compris malgré les interdictions de manifester dans certains secteurs, comme les Champs-Elysées à Paris. Dans la capitale, quelques centaines de personnes avaient commencé à défiler dès la fin de matinée. Des manifestants arboraient des pancartes « Urgence climat », « Macron on n’attend rien de vos annonces », « dissolution de l’AN [Assemblée nationale], états généraux citoyens », selon un journaliste de l’AFP.

Ces rassemblements, comme ceux prévus à Marseille, Bordeaux, Montpellier, Grenoble ou Lille sont les premiers à se dérouler après la promulgation de la loi anticasseurs, entrée en vigueur jeudi. Ce dispositif, partiellement censuré par le Conseil constitutionnel et dont une cinquantaine d’organisations ont demandé l’abrogation, est aussi dans le collimateur des manifestants. Place de la République, à Paris, une marche pour « la liberté de manifester » était organisée dans l’après-midi par plusieurs associations comme la Ligue des droits de l’homme, Amnesty, Attac, l’UNEF, SOS Racisme…

  • Un nouveau cadre législatif

Le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a insisté sur ce nouveau cadre législatif, indiquant avoir envoyé vendredi matin « une circulaire à l’ensemble des préfets pour les inviter à préparer la bonne utilisation de ces dispositifs, à travailler avec les procureurs, les parquets ». La loi « donne un certain nombre de moyens qui nous permettront de faire des fouilles renforcées contre les armes par destination dans les vingt-quatre heures qui précèdent », a-t-il détaillé. Il a rappelé que le fait de se masquer, de cacher son visage « à un moment d’émeute » devient ainsi « un délit passible d’une peine d’un an [de prison] et de 15 000 euros d’amende ».

Mais « la menace semble plus forte pour le 20 avril, vous avez vu un certain nombre d’appels qui invitent quasiment à détruire Paris », a mis en garde le ministre. Un écho aux inquiétudes dans la majorité sur une relance de la contestation des « gilets jaunes » au cas où Emmanuel Macron échouerait à répondre aux attentes.

  • Des arbitrages bientôt annoncés

De premières décisions du chef de l’Etat sont attendues dans les prochains jours. Ces décisions seront « puissantes et concrètes », a assuré mardi le premier ministre, Edouard Philippe, évoquant aussi l’ouverture de « grands chantiers », autour de plusieurs axes de réforme, à commencer par une baisse des impôts ou encore davantage de services publics sur le terrain.