Scène de joie le 12 avril à Khartoum, au Soudan, après l’annonce du départ du chef du Conseil militaire, Awad Mohamed Ahmed Ibn Auf. / STRINGER / REUTERS

Salah Gosh, le patron du puissant service de renseignement soudanais (National Intelligence and Security Service, NISS) a démissionné, a annoncé samedi 13 avril le conseil militaire au pouvoir depuis le renversement du président Omar Al-Bachir. C’est le NISS qui a dirigé la répression du mouvement de contestation de ces derniers mois. « Le chef du conseil militaire de transition, Abdel Fattah Al-Burhane, a accepté » cette démission, a indiqué le conseil dans un communiqué.

Cette annonce survient deux jours après la chute de M. Bachir, qui était au pouvoir depuis 1989, et au lendemain du remplacement du chef du conseil militaire face à la poursuite de la contestation devant le QG de l’armée à Khartoum. Cette décision, qui se traduit par l’arrivée à la tête du conseil du général Abdel Fattah Abdelrahman Bourhane, a été accueillie dans la joie par les protestataires. « En deux jours, nous avons renversé deux présidents » ou encore « nous avons réussi », ont scandé les manifestants en brandissant des drapeaux soudanais.

« Ce n’est pas un coup d’Etat militaire »

Devant le QG de l’armée dans la capitale, Khartoum, des milliers de manifestants attendaient encore samedi les consignes des meneurs de la contestation, l’Association des professionnels soudanais (SPA). Samedi matin, des soldats ont enlevé des barricades qui avaient été posées dans plusieurs rues menant à leur QG, où des manifestants échangent eux avec les militaires ou s’affairent à nettoyer les lieux, préparer à manger, boire du thé ou du café, après une septième nuit d’affilée sur place.

Les généraux au pouvoir se sont efforcés vendredi de rassurer la communauté internationale ainsi que les manifestants sur leurs intentions, promettant notamment de remettre le pays à un gouvernement civil. « Le rôle du conseil militaire est de protéger la sécurité et la stabilité du pays », a souligné le général Omar Zinelabidine, membre de ce conseil, s’exprimant devant des diplomates arabes et africains. 

« Ce n’est pas un coup d’Etat militaire, mais une prise de parti en faveur du peuple. Nous ouvrirons un dialogue avec les partis politiques pour examiner comment gérer le Soudan. Il y aura un gouvernement civil et nous n’interviendrons pas dans sa composition. »

Bachir ne sera pas « livré à l’étranger »

Le conseil militaire a par ailleurs affirmé qu’Omar Al-Bachir se trouvait en détention mais qu’il ne serait pas « livré à l’étranger », alors qu’il est sous le coup depuis une décennie de deux mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI).

Les organisateurs de la contestation ont rapidement exhorté les militaires à « transférer le pouvoir à un gouvernement civil de transition ». Dans le cas contraire, « nous allons continuer le sit-in devant le QG de l’armée et dans d’autres villes », ont-ils prévenu, alors que le conseil de transition militaire a été mis en place pour une durée de deux ans.

Devant le Conseil de sécurité de l’ONU, l’ambassadeur du Soudan, Yasir Abdelsalam, a aussi essayé de dissiper les craintes de la communauté internationale. Le conseil militaire « se contentera d’être le garant d’un gouvernement civil », a-t-il dit. Il a en outre ajouté que la période de transition pourrait « être réduite en fonction des développements sur le terrain et de l’accord des parties prenantes ».

Le général Zinelabidine a affirmé vendredi que le conseil militaire était prêt à travailler « main dans la main » avec les manifestants « pour trouver des solutions » aux problèmes des Soudanais. Il a également réclamé à la communauté internationale des fonds pour régler la crise économique, le déclencheur du mouvement de contestation le 19 décembre après le triplement du prix du pain.

Soudan : comment Omar Al-Bachir a été destitué par l’armée
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