François Dos Santos est secrétaire CGT du Comité central d’entreprise (CCE) d’EDF. Il réagit aux révélations du Parisien et du Monde sur le plan de l’exécutif pour réorganiser le géant français de l’électricité. EDF pourrait être amené à être divisée en deux entreprises distinctes : d’une part la production d’électricité nucléaire et hydraulique, et de l’autre les énergies renouvelables, les services, les réseaux et la fourniture d’électricité.

L’exécutif et la direction d’EDF confirment travailler à un scénario de réorganisation de l’entreprise. Comment la CGT, premier syndicat du groupe, se positionne-t-elle ?

Pour les salariés d’EDF, il y a une grande incompréhension. C’est insupportable d’apprendre par la presse que notre avenir se joue à l’Elysée.

Pour notre part, nous estimons que toutes les activités du groupe doivent rester ensemble. Toute volonté de modifier le périmètre du groupe est inacceptable. On n’est pas partis pour négocier. Aucune concertation avec les organisations syndicales n’a d’ailleurs été engagée.

Le gouvernement estime que cette réorganisation pourrait donner de l’air à EDF et permettre au groupe d’investir…

Il y a en réalité deux sujets : le premier concerne la régulation. Comment donne-t-on la possibilité à EDF d’investir dans le contexte actuel ? C’est le sujet majeur, il ne faut pas l’oublier. Et ensuite, en fonction de cela, il y a une discussion sur l’organisation du groupe. Il n’y a aucune urgence à parler de la structure d’EDF. Honnêtement, il n’y a pas besoin de découper EDF pour avoir une meilleure régulation.

Que vous inspire le plan de découpage en deux entreprises distinctes, chapeautées par une maison mère ?

Il y a en France depuis longtemps un fantasme sur la création d’un pôle industriel du nucléaire. Cela peut se discuter. Mais EDF ne peut pas n’être que cela ! Les agents EDF fournissent de l’électricité à 30 millions d’abonnés et les font profiter d’un mix diversifié. Ce qui nous importe c’est que les gens aient du courant à un prix compétitif et qu’il y ait un service public de l’électricité. Ce n’est pas ce vers quoi on se dirige.

La deuxième partie de l’entreprise ressemble à un conglomérat qui n’a pas beaucoup de sens : on y rassemblerait le réseau de distribution [Enedis], la fourniture d’électricité, les énergies renouvelables, les services. Il n’y a pas beaucoup de synergies possibles entre ces activités. Quel est le sens industriel de cette deuxième société ? Là aussi on peut s’attendre à l’arrivée de capitaux privés.

Ni la CGT, ni le comité central d’entreprise ne sont favorables à un montage qui vise à accroître la part privée du capital. Nous allons réfléchir à la mobilisation dès maintenant ; quand le plan aura été adopté par Macron et vendu à Bruxelles, ce sera trop tard.

Quelles peuvent être les conséquences pour les salariés et pour les consommateurs ?

Cela peut avoir des conséquences graves par exemple pour les 8 500 salariés de l’activité de commercialisation d’électricité. Les marges d’un EDF séparé de la production seraient très faibles et ne permettraient pas de maintenir des centres d’appels en France, et une forte qualité de service.

Pour les consommateurs, ce projet a de très grandes chances d’amener une augmentation des factures d’électricité.