Des avions de Jet Airways sur le tarmac de l’aéroport Indira-Gandhi de New Delhi, le 13 avril. / Anushree Fadnavis / REUTERS

Le certificat de décès n’est pas encore signé, mais le malade est en état de mort clinique. Mercredi 17 avril, la compagnie indienne Jet Airways a fait voler son dernier avion entre Amritsar et Bombay. Peu après, le PDG de l’entreprise, Vinay Dube, a envoyé un e-mail à ses clients inscrits au programme de fidélité Jet Privilege pour leur annoncer la nouvelle : « C’est avec une profonde tristesse et le cœur lourd que nous vous informons de la suspension immédiate de tous les vols intérieurs et internationaux de Jet Airways. »

Dans la journée, la direction avait tenté d’arracher à ses créanciers une aide d’urgence de 9,83 milliards de roupies (125 millions d’euros), afin que la firme puisse poursuivre ses activités avec ses cinq derniers avions disponibles, sur une flotte qui en comptait cent vingt-quatre il y a encore quatre mois. Les prêteurs ont dit « non », estimant ne pas avoir la garantie du remboursement de cette somme dans un délai raisonnable, alors que la compagnie porte déjà une dette de 85 milliards de roupies.

Dans l’immédiat, 16 500 salariés se retrouvent au chômage technique, dont plusieurs centaines de pilotes qui consentaient à voler sans toucher leur salaire depuis le mois de novembre. L’alternative qui émerge désormais est simple. La première possibilité est qu’un investisseur décide de reprendre Jet Airways dans le cadre du processus de mise en vente ouvert le 8 avril par les banques.

Flambée des prix chez la concurrence

Lundi, celles-ci ont validé la candidature d’Etihad, la compagnie d’Abou Dhabi qui possède 24 % de Jet Airways, ainsi que celles du fonds souverain indien National Investment and Infrastructure Fund (NIIF) et des fonds d’investissements américains TPG Capital et Indigo Partners. Ces quatre investisseurs ont jusqu’à fin avril pour déposer une offre en bonne et due forme.

La seconde possibilité est que Jet Airways se déclare en dépôt de bilan et se place sous la protection de la loi sur les faillites. En attendant, la disparition du deuxième transporteur aérien de l’Inde, qui détenait 14 % de parts de marché en 2018, provoque une flambée des prix chez ses concurrents. Les agences de voyage en ligne soulignent que les tarifs ont augmenté de 20 % pour les vols intérieurs depuis début avril et que si aucune mesure n’est prise rapidement pour combler le vide créé par cette mésaventure dans le ciel indien, la hausse pourrait atteindre jusqu’à 40 %.

Sur les vols internationaux, cela est pire. A titre d’exemple, un Bombay-Paris dans un délai de huit jours se monnaie actuellement près de 2 200 euros sur le seul vol direct restant assuré par Air France, contre... 700 euros habituellement.