Facebook durcit le ton vis-à-vis de l’extrême droite radicale. Au lendemain de la suspension d’une dizaine de comptes de la mouvance nationaliste au Royaume-Uni, le réseau social a supprimé, vendredi 19 avril en fin d’après-midi, la page de Boris Le Lay, militant et figure de l’extrême droite française en ligne. Au moment de sa suspension, elle rassemblait environ 135 000 utilisateurs de Facebook qui avaient indiqué « aimer » la page et en recevaient les publications.

Boris Le Lay, 37 ans, est un des poids lourds de la mouvance d’extrême droite sur Internet, celle que l’on a coutume d’appeler « la fachosphère ». Il a été condamné une dizaine de fois par la justice française entre 2011 et février 2019, notamment pour incitation à la haine raciale. Il fait l’objet, selon une note policière consultée en octobre par Le Monde, d’au moins treize mandats de recherche, d’une notice rouge d’Interpol et d’une fiche S.

Par ailleurs, les autorités françaises le soupçonnent fortement d’être derrière le site haineux Démocratie participative, dont la justice avait ordonné le blocage en octobre dernier en raison de ses nombreux articles racistes, homophobes et antisémites. Actuellement au Japon, Boris Le Lay a jusqu’à présent échappé à la justice française.

Malgré la suppression de son compte, il dispose encore de relais numériques. Son compte YouTube, qui avait été suspendu en novembre 2017, est, depuis, réapparu. Son site Web personnel ainsi que Breiz Atao, un autre site qu’il dirige et qui a été déréférencé quelques mois plus tôt, demeurent accessibles à ce jour. Une page Facebook au nom de Breiz Atao est également accessible et compte un peu plus de 17 000 membres. Boris Le Lay dispose aussi d’un compte Twitter auquel sont abonnés près de 14 000 internautes.

Facebook tente de faire la chasse au racisme

Cette suppression de la page Facebook de Boris Le Lay intervient au lendemain de la suspension par le réseau social d’une dizaine de comptes et de pages issus de l’extrême droite britannique (parmi lesquels ceux du British National Party, de l’English Defence League et de Britain First). « Les individus et les organisations qui répandent la haine […] n’ont pas leur place sur Facebook. […] Nous bannissons celles et ceux qui poursuivent une mission violente ou haineuse ou qui commettent des actes de violence et de haine », a expliqué Facebook dans un communiqué transmis au Guardian jeudi.

Cette campagne de suppression de comptes fait suite à l’attaque terroriste menée à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, où un sympathisant de l’extrême droite a tué 50 personnes dans deux mosquées, le 15 mars, lors d’un massacre retransmis en direct sur son profil Facebook. Critiqué pour son manque de modération et son inaction vis-à-vis des mouvements suprémacistes, Facebook avait annoncé, le 27 mars, qu’il allait bannir de sa plate-forme les discours nationalistes et suprémacistes blancs.