Les autorités sri-lankaises enquêtent sur d’éventuels liens entre le NTJ et des groupes étrangers. / ATHIT PERAWONGMETHA / REUTERS

Vingt-quatre heures après la vague d’attentats-suicides du dimanche de Pâques au Sri Lanka, les arrestations se sont multipliées et le porte-parole du gouvernement, Rajitha Senaratne, a annoncé, lundi 22 avril, qu’un mouvement islamiste local, le National Thowheeth Jama’ath (NTJ), était à l’origine de ces attaques-suicides.

Les autorités sri-lankaises ont annoncé l’arrestation de 24 personnes, sans donner de détail sur les suspects. Les attaques n’ont pas été revendiquées et le bilan s’est alourdi, passant à 290 morts et 500 blessés.

Les opérations de déminage n’étaient pas encore terminées lundi. Une explosion s’est produite au cours de l’une d’entre elles dans une camionnette arrêtée à proximité d’une église frappée la veille par un des attentats-suicides. On ignorait dans l’immédiat si cette déflagration a fait des victimes. Par ailleurs, la police a découvert 87 détonateurs de bombes dans une gare de bus de Colombo.

Complicités étrangères

Les autorités sri-lankaises enquêtent sur d’éventuels liens de l’organisation avec des groupes étrangers : « Nous ne pensons pas que ces attaques ont été commises par un groupe de personnes cantonnées à ce pays », a déclaré Rajitha Senaratne. « Il y a un réseau international sans lequel ces attaques n’auraient pas pu réussir », a-t-il ajouté.

Le NTJ avait fait il y a dix jours l’objet d’une alerte diffusée aux services de police, selon laquelle le mouvement préparait des attentats contre des églises et l’ambassade d’Inde à Colombo.

Ces informations étaient basées sur un signalement d’« une agence de renseignement étrangère ». Le NTJ, sur lequel peu d’éléments sont connus, s’était fait connaître l’an passé par des actes de vandalisme commis contre des statues bouddhiques.

Etat d’urgence décrété, réseaux sociaux affectés

Maithripala Sirisena, le président du Sri Lanka, va décréter l’état d’urgence dans l’ensemble du pays à partir de lundi minuit. En outre, un couvre-feu est instauré dans la capitale Colombo de 20 heures à 4 heures. Après les attaques de dimanche, les autorités avaient décrété un premier couvre-feu, qui a été levé à 6 heures locales lundi matin.

Pour limiter la fréquentation de la voie publique, ce pays de 21 millions d’habitants a déclaré deux jours fériés. Les écoles et la Bourse de Colombo restaient fermées. De nombreux Sri-Lankais devaient toutefois se rendre au travail.

La déclaration de l’état d’urgence accorde à la police et à l’armée des pouvoirs élargis, notamment la possibilité d’arrêter et d’interroger des suspects sans autorisation préalable de la justice. Ce régime a été en vigueur pendant plusieurs périodes de la guerre contre les séparatistes tamouls. La présidence affirme qu’il n’empiétera pas sur la liberté d’expression dans le pays.

Facebook et ses services WhatsApp et Instagram ont été bloqués, a annoncé par le portail d’information officiel du gouvernement sri-lankais, qui justifie ce blocage par la diffusion de « faux reportages ». L’observatoire NetBlocks a détecté une coupure de ces plates-formes ainsi que de YouTube, Snapchat et Viber. Twitter ne semblait pas affecté.

Cellule de crise à Paris, mise en garde de Washington

Le département d’Etat américain a adressé une mise en garde aux voyageurs : « Des groupes terroristes continuent à préparer de possibles attaques au Sri Lanka » et a appelé les ressortissants américains à « une prudence accrue ». « Des terroristes peuvent attaquer sans préavis ou quasiment, en ciblant des endroits touristiques, des hubs de transport, des centres commerciaux » et d’autres endroits comme des hôtels, des clubs, des restaurants et des lieux de prière.

Le secrétaire d’Etat Mike Pompeo a indiqué dimanche que « plusieurs » Américains avaient été tués dans les attentats au Sri Lanka. L’ambassade des Etats-Unis à Colombo est restée fermée au public lundi et mardi mais indiqué qu’elle continuait à fournir ses services à ses ressortissants.

Le Quai d’Orsay a ouvert une cellule de crise, joignable au 01-43-17-51-00, et n’a toujours pas dit si des Français figuraient parmi les victimes.