Au sein de l’aciérie Ascoval de Saint-Saulve (Nord), près de Valenciennes, en novembre 2018. / Pascal Rossignol / REUTERS

C’est la dernière ligne droite pour les 270 salariés de l’aciérie Ascoval de Saint-Saulve (Nord). Après quatre années de soubresauts, leur avenir devrait enfin s’éclaircir. La chambre commerciale du tribunal de grande instance (TGI) de Strasbourg doit examiner, mercredi 24 avril, les quatre dossiers de reprise déposés par les groupes British Steel, Calvi Network, le fonds Secufund et l’entrepreneur Pascal Cochez.

Deux mois après l’abandon d’Ascoval par son dernier repreneur désigné, Altifort, les magistrats devraient se donner quelques jours pour choisir la meilleure offre. Cependant, l’une d’elles se détache franchement dans l’esprit des dirigeants et des syndicats d’Ascoval : British Steel, un groupe qui a réalisé en 2018 un chiffre d’affaires de 1,4 milliard de livres (1,6 milliard d’euros).

« Sur les quatre dossiers, pour l’instant, seul British Steel a amélioré son offre, tant en matière de financement que d’engagements sociaux », confie un proche des négociations. Le groupe mettrait sur la table 47 millions d’euros, qui seraient abondés par une somme équivalente des pouvoirs publics.

Le dossier de l’italien Calvi Network, spécialiste des aciers spéciaux, qui a besoin d’un nouveau fournisseur d’acier, est également bien vu, mais il devait encore obtenir mardi le feu vert de l’un de ses actionnaires. Quant aux deux derniers dossiers, ils restent incomplets.

Performance environnementale

De fait, à l’aciérie, la confiance était de mise avant l’audience. La perspective d’être repris par British Steel, détenu par Greybull Capital, le fonds géré notamment par les frères français Marc et Nathaniel Meyohas, rassure. Il serait prêt à apporter de 200 000 à 300 000 tonnes de commandes d’acier pour alimenter entre autres son site de production de rail d’Hayange (Moselle). C’est la moitié de la capacité de production annuelle d’Ascoval, ce qui permettra de couvrir les coûts fixes du site. « C’est un beau projet à la fois solide socialement, industriellement et financièrement », résume-t-on à Saint-Saulve.

Les motivations de British Steel sont de deux ordres. « Cela découle d’abord du Brexit », assure un connaisseur du dossier. Avec l’essentiel de ses aciéries implantées au Royaume-Uni, l’aciériste, qui fournit notamment la SNCF en rail, doit produire en zone euro pour ne pas dépendre de droits de douane et atténuer les fluctuations de la livre sterling.

En outre, British Steel s’intéresse à l’aciérie française pour sa performance environnementale. « L’aciérie électrique est bien moins émissive de CO2 [dioxyde de carbone] qu’une aciérie traditionnelle », résume une source. Alors qu’Ascoval libère 200 kilogrammes de CO2 dans l’atmosphère pour chaque tonne d’acier produit, l’aciérie traditionnelle à coke, comme celle de Scunthorpe (nord-est de l’Angleterre), qui appartient à British Steel, en émet 1,8 tonne. « A moyen terme, avec l’augmentation des prix des crédits carbone, cela devrait compter et British Steel a tout intérêt à diversifier sa production », conclut un observateur.