Le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, à Charm El-Cheikh, le 24 février 2019. / MOHAMED EL-SHAHED / AFP

Deux sommets africains se tiendront ce mardi au Caire sous la houlette du chef de l’Etat égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, président en exercice de l’Union africaine (UA), pour évoquer en urgence les crises au Soudan et en Libye. Il s’agit des premières réunions de dirigeants africains de ce niveau sur ces deux pays, où les troubles font craindre un dérapage. Selon un communiqué de la présidence égyptienne lundi 22 avril, M. Sissi recevra ses homologues Idriss Déby (Tchad), Ismaïl Omar Guelleh (Djibouti), Paul Kagame (Rwanda), Denis Sassou-Nguesso (Congo), Mohamed Abdullahi Mohamed (Somalie) et Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud) pour parler du Soudan.

Un autre sommet sur la Libye réunira autour du chef de l’Etat égyptien les présidents du Rwanda et d’Afrique du Sud, ainsi que celui du Congo, M. Sassou-Nguesso, également président de la commission sur la Libye à l’UA. Le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki, assistera aux deux rencontres, de même que des responsables éthiopien, sud-soudanais, ougandais, kényan et nigérian.

« Endiguer la crise »

Les dirigeants africains évoqueront « l’évolution de la situation au Soudan », où le mouvement de contestation se poursuit après la destitution par l’armée du président Omar Al-Bachir, ainsi que les moyens d’« endiguer la crise » en Libye, où le maréchal Khalifa Haftar a lancé une offensive contre la capitale Tripoli, a précisé la présidence égyptienne. Le sommet sur le Soudan « a pour objectif de discuter […] des moyens les plus appropriés pour faire face à l’évolution de la situation et de contribuer à la stabilité et à la paix », selon la même source.

La mobilisation des manifestants se poursuit devant le QG de l’armée dans la capitale soudanaise Khartoum, alors que les responsables de la contestation ont annoncé la suspension des discussions avec le Conseil militaire de transition qui a pris les commandes après le renversement de M. Bachir le 11 avril. Les chefs de la contestation réclament un transfert rapide du pouvoir à une autorité civile, mais les militaires refusent de le faire jusqu’à présent.

L’UA a menacé le 15 avril de suspendre le Soudan si l’armée ne quittait pas le pouvoir d’ici à quinze jours, au profit d’une « autorité politique civile ». Le pays est secoué par des manifestations d’une ampleur inédite depuis le 19 décembre 2018, provoquées par le triplement du prix du pain. La mobilisation s’est rapidement muée en contestation du président Bachir puis de l’ensemble de son régime. La répression du mouvement a fait plus de 60 morts et des centaines de blessés. Des milliers de personnes ont été emprisonnées.

Un pays plongé dans le chaos

La réunion sur la Libye abordera, elle, « les moyens de relancer le processus politique ainsi que l’élimination du terrorisme », toujours selon la présidence égyptienne. Des combats opposent les forces loyales au Gouvernement d’union nationale (GNA), reconnu par la communauté internationale, aux troupes du maréchal Haftar aux portes de Tripoli.

L’homme fort de l’est libyen, soutenu notamment par l’Egypte, a lancé le 4 avril, avec son Armée nationale libyenne (ANL) autoproclamée, une offensive sur Tripoli. Plus de 200 personnes dont des civils ont péri dans les violences, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La Libye, pays du nord de l’Afrique riche en pétrole, est plongée dans le chaos depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi, renversé par une révolte populaire qui a provoqué sa mort. L’émissaire de l’ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, a multiplié les mises en garde alarmistes sur un « embrasement généralisé », réclamant une réaction urgente de la communauté internationale, pour le moment divisée.