L’Arabie saoudite a exécuté, mardi 23 avril, 37 de ses citoyens. Tous avaient été reconnus coupables d’« avoir adopté la pensée terroriste extrémiste » et d’« avoir formé des cellules terroristes », a affirmé le ministère de l’intérieur dans un communiqué publié par l’agence officielle SPA. Certaines ont été accusées de « sédition confessionnelle », un terme généralement utilisé en Arabie saoudite pour les militants chiites.

Les exécutions ont eu lieu dans cinq régions : la capitale Ryad, les villes saintes de La Mecque et de Médine, la région sunnite d’Al-Qassim (centre) et celle de la Province orientale, où se concentre la minorité chiite, selon le ministère de l’intérieur.

L’Arabie saoudite ne cesse de répéter être en guerre contre « toutes les formes de terrorisme ». Après les vagues d’attentat du début des années 2000, le pays a réussi à contenir la menace des groupes djihadistes, sans les éradiquer totalement.

Dimanche, quatre Saoudiens sont morts en tentant d’attaquer, au nord de Ryad, un quartier général des forces de sécurité, dans un attentat revendiqué par le groupe djihadiste Etat islamique (EI). Les autorités ont annoncé l’arrestation le lendemain de 13 personnes suspectées d’« actes terroristes », sans préciser le lieu des interpellations et sans dire s’ils étaient liés ou non à l’attentat de dimanche.

Exécutions en masse en janvier 2016

La précédente exécution de masse en Arabie saoudite remonte à janvier 2016 quand 47 personnes, également condamnées pour « terrorisme », dont le chef religieux chiite Nimr Baqer Al-Nimr, avaient été mises à mort le même jour.

La Province orientale est le théâtre de troubles récurrents depuis 2011, année où elle a été secouée par un fort mouvement de contestation dans le sillage du « printemps arabe ». Elle a aussi été le berceau de Nimr Baqer Al-Nimr, virulent critique du régime saoudien et figure du mouvement de contestation.

La communauté chiite représente, selon des estimations, entre 10 et 15 % des 32 millions de Saoudiens, mais le pouvoir, dirigé par une dynastie sunnite, n’a publié aucune statistique officielle. L’exécution de Nimr Baqer Al-Nimr avait entraîné des manifestations en Iran pendant lesquelles des représentations diplomatiques saoudiennes avaient été attaquées.

En réaction, l’Arabie saoudite avait rompu en janvier 2016 ses relations diplomatiques avec l’Iran, qu’elle accuse régulièrement de « déstabiliser » le Golfe et de s’ingérer dans les affaires intérieures des pays de la région.

Cent exécutions depuis le début de l’année

Plus de 100 personnes ont été mises à mort en Arabie saoudite depuis le début de l’année, selon un décompte établi à partir de communiqués officiels.

Selon Amnesty International, le royaume, qui suit une version rigoriste de l’islam, figure dans le peloton de tête des pays qui appliquent la peine de mort dans le monde.

Dans son rapport mondial sur la peine de mort pour 2018, l’organisation a indiqué, le 10 avril, que derrière la Chine (qui ne publie pas de statistiques), les pays ayant le plus recouru aux exécutions sont l’Iran (253), l’Arabie saoudite (149), le Vietnam (85) et l’Irak (52).