Un campement de migrants à la Porte d’Aubervilliers à Paris, le 8 avril. / CHRISTOPHE ENA / AP

Dans une lettre adressée mercredi 24 avril aux ministères de l’intérieur et du logement, les maires de treize villes ont dénoncé la « situation indigne » des migrants en France et ils ont réclamé à l’Etat des places d’hébergement supplémentaires.

« Nous devons construire collectivement une réponse au défi que pose l’accueil des réfugiés en France. C’est pourquoi nous vous demandons de nous recevoir afin d’échanger sur le dispositif d’accueil et d’orientation des migrants », demandent-ils.

Depuis la fin de la trêve hivernale, fin mars, plusieurs évacuations de campements ont eu lieu dans le nord de Paris. A chaque fois, plusieurs centaines de personnes ont été prises en charge.

« Aujourd’hui, nous sommes confrontés à un engorgement des centres d’hébergement (…) La situation est inacceptable (…). On est au bout du rouleau », a dénoncé la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo lors d’une conférence de presse aux côtés de plusieurs élus.

Les signataires sont les maires de Paris, Lille, Bordeaux, Saint-Denis, Aubervilliers, Rennes, Troyes, Metz, Toulouse, Strasbourg, Nantes, Grenoble et Grande-Synthe (Nord). Des associations venant en aide aux migrants, comme France terre d’asile, Emmaüs France ou l’Armée du Salut, et une autre de riverains, Vivre au 93 Chapelle, étaient également présentes pour soutenir cet appel.

Près de 700 tentes à Paris

« Nous, les villes, sommes engagées pour l’accueil des migrants, mais ce qui nous manque ce sont des places d’hébergement. Donnez-nous des places, on saura les remplir », a plaidé Emmanuel Carroz, adjoint au maire de Grenoble.

« Il faut mettre fin au dublinage [application du règlement Dublin qui délègue la responsabilité de l’examen de la demande d’asile d’un réfugié au premier pays qui l’a accueilli]. On oblige des gens à revenir dans leur pays d’arrivée. On sait sur le terrain que ce n’est pas possible », a fait valoir Marie-Aimée Peyron, bâtonnier de Paris, qui soutient l’initiative.

Près de 700 tentes occupées par des migrants sont installées à Paris, soit entre 800 et 1 475 personnes, selon un comptage réalisé par l’association France terre d’asile le 19 avril.

La maire de Paris est particulièrement virulente sur ce sujet depuis quelques semaines, reprochant à l’Etat une situation de « chaos » dans les campements qui se reconstituent dans le nord de la capitale.

Un nouveau centre d’accueil en juin

Le préfet d’Ile-de-France Michel Cadot avait réagi, fin mars, aux premiers appels d’Anne Hidalgo en soulignant le « travail colossal » mené par l’Etat sur le sujet avec plus de 2 000 prises en charge depuis le début de l’année. La préfecture a aussi annoncé la création en juin d’un nouveau centre d’accueil à Paris.

Sollicitée par l’Agence France-Presse, la préfecture d’Occitanie a pour sa part souligné que les demandes d’asile étaient « soutenues » dans la région, frontalière de l’Espagne, avec 35 % d’augmentation au premier trimestre et 37 % en 2018 « alors que le dispositif d’accueil national, qui héberge les demandeurs d’asile, est saturé à hauteur de 94 % ».

La pression migratoire est « forte », la frontière espagnole étant « désormais le premier point d’entrée sur le territoire français », essentiellement « à ses deux extrémités, soit au Perthus [Pyrénées-Orientales] et à Hendaye [Pyrénées-Atlantiques] », mais aussi « à Toulouse même ».

Les personnes arrivant d’Espagne sont principalement originaires des pays subsahariens (Nigeria, Guinée, Mali, Côte d’Ivoire etc.) et des pays du Maghreb, selon la préfecture qui précise que « l’Etat est totalement engagé pour l’hébergement des sans-abri ».