Les bureaux de la Deutsche Bank et de la Commerzbank, à Francfort, en mars. / Ralph Orlowski / REUTERS

Il n’y aura donc pas de champion bancaire allemand. Jeudi 25 avril au matin, Deutsche Bank (DB) et Commerzbank, les deux plus grandes banques privées du pays, ont annoncé renoncer à vouloir fusionner, après examen de leur situation respective. Depuis des mois, cette fusion géante, qui aurait amorcé un big bang dans le paysage bancaire allemand, faisait l’objet d’intenses spéculations. Le 17 avril, les deux établissements avaient révélé l’ouverture de discussions exploratoires. Le processus était suivi de près par le ministre des finances social-démocrate, Olaf Scholz, qui n’a jamais caché son souhait de voir l’Allemagne se doter d’une banque à la mesure de sa puissance économique.

« Après examen approfondi, les directoires sont arrivés à la conclusion qu’une fusion n’apporterait aucune valeur ajoutée suffisante, » ont déclaré DB et Commerzbank, dans deux communiqués séparés. Les risques et les coûts en jeu étaient supérieurs aux gains attendus, estiment les deux établissements. Il aurait en particulier été difficile de convaincre les actionnaires de DB de consentir à une incontournable augmentation de capital pour racheter la banque rivale, au vu de l’effondrement du cours depuis 2011.

Les problèmes du système bancaire allemand restent non résolus

La fusion avortée ne chagrinait personne, mercredi 24 avril. Les syndicats redoutaient un gigantesque plan social, beaucoup de responsables politiques craignaient la création d’un nouveau géant bancaire, qui aurait été dépendant du contribuable en cas de problème. Et les spécialistes des marchés financiers s’interrogeaient sur le sens d’une fusion entre deux grands corps malades.

Reste que les problèmes du système bancaire allemand restent non résolus : les établissements sont nombreux et leur rentabilité faible, ce qui limite les investissements dans les technologies d’avenir. Les banques coopératives et les caisses d’épargne assurent certes le financement des petites entreprises, mais les seules grandes banques privées capables d’accompagner les groupes exportateurs n’ont jamais retrouvé leur puissance d’avant la crise financière. Alors que la conjoncture allemande se retourne, elles pourraient se retrouver, aujourd’hui, la cible de groupes étrangers.