Kim Jong-un et Vladimir Poutine posent lors de leur réunion à Vladivostok, en Russie, le 25 avril. / YURI KADOBNOV / AFP

Kim Jong-un et Vladimir Poutine se sont retrouvés pour leur premier sommet, jeudi 25 avril, avec l’objectif de renforcer les « liens historiques » entre Moscou et Pyongyang, en pleine impasse diplomatique avec Washington sur le nucléaire.

Malgré ses invitations répétées à M. Kim, la Russie était restée jusqu’à présent à l’écart de la spectaculaire détente observée sur la péninsule coréenne depuis début 2018.

« Liens historiques »

Mais deux mois après le fiasco de sa deuxième rencontre avec le président américain à Hanoï, le dirigeant nord-coréen cherche des soutiens dans son bras de fer avec Washington et un certain rééquilibrage de ses relations entre Pékin, son plus proche soutien, et Moscou, son ancien allié de la guerre froide.

Vladimir Poutine a accueilli d’une longue poignée de main Kim Jong-un sur l’île Rousski, en face du port de Vladivostok (extrême-orient), où le dirigeant nord-coréen était arrivé mercredi après un voyage d’une dizaine d’heures dans son train blindé.

« Je suis sûr que votre visite aujourd’hui en Russie nous aidera à mieux comprendre par quels moyens nous pouvons résoudre la situation sur la péninsule coréenne, et ce que la Russie peut faire pour soutenir les tendances positives qui ont lieu actuellement », a déclaré le président russe. Sur le plan bilatéral, nous avons beaucoup à faire pour développer nos relations économiques. »

« Je pense que cette rencontre sera très utile pour développer les liens historiques entre les deux pays, qui ont une longue amitié, en une relation plus stable et plus solide », a déclaré M. Kim lors de l’entretien, ajoutant s’attendre à « un dialogue significatif » à propos de la situation sur la péninsule coréenne et félicitant le président russe de « construire une Russie forte ».

Ni communiqué commun ni signature d’accords ne sont prévus à l’issue du sommet, le premier à ce niveau entre les deux pays depuis celui en 2011 entre l’ex-président Dmitri Medvedev et Kim Jong-il. Ce dernier avait alors affirmé qu’il était prêt à renoncer aux essais nucléaires. Kim Jong-un a depuis présidé à quatre essais nucléaires dont, potentiellement, celui d’une bombe à hydrogène en 2017, et au lancement de missiles intercontinentaux capables d’atteindre l’ensemble du territoire continental américain.

Moscou demande la levée des sanctions

Derniers préparatifs à la gare de Vladivostok, avant l’arrivée Kim Jong-un, le 24 avril. / KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP

Après des années de montée des tensions en raison des programmes nucléaire et balistique de Pyongyang, M. Kim a rencontré, depuis mars 2018, quatre fois le président chinois, Xi Jinping, trois fois le président sud-coréen, Moon Jae-in, et deux fois M. Trump.

A Hanoï, la Corée du Nord avait cherché à obtenir un allègement immédiat des sanctions internationales décidées pour la contraindre de renoncer à ses armes atomiques. Mais les discussions avaient été écourtées en raison de désaccords profonds avec Washington, notamment sur les concessions que Pyongyang était prêt à faire. Signe de la dégradation observée depuis, Pyongyang s’est fendu, la semaine dernière, d’une attaque d’une rare violence contre Mike Pompeo, en demandant que le secrétaire d’Etat américain ne participe plus aux discussions sur la dénucléarisation. Le secrétaire d’Etat, dans une interview accordée à la chaîne CBS mercredi, s’est montré prudent sur la suite du dialogue : « Ça va être mouvementé. Ça va être difficile. »

Moscou prône un dialogue avec Pyongyang sur la base d’une feuille de route définie par la Chine et la Russie. Cette dernière a déjà demandé la levée des sanctions internationales, tandis que les Etats-Unis l’ont accusée d’aider Pyongyang à les contourner.

Coopération économique

Sergei Ilnitsky / AP

Outre le dossier nucléaire, les deux dirigeants devraient évoquer le renforcement de leur coopération économique et, plus particulièrement, la question de la main-d’œuvre nord-coréenne. Environ 10 000 travailleurs sont employés en Russie, représentant une source précieuse de devises pour Pyongyang. La résolution 2397 du Conseil de sécurité de l’ONU de décembre 2017 demande à tous les pays employant des Nord-Coréens de les renvoyer chez eux sous deux ans.

Les relations entre Pyongyang et Moscou remontent à l’ère soviétique : l’URSS a placé le grand-père de Kim Jong-un et fondateur de la République populaire démocratique de Corée, Kim Il-sung, au pouvoir et lui a apporté un soutien crucial durant la guerre froide. Les relations furent cependant en dents de scie au cours de cette période, notamment parce que Kim Il-sung excellait dans l’art de jouer sur la rivalité sino-soviétique pour obtenir des concessions de ses deux puissants voisins.

Peu après sa première élection à la présidence russe, Vladimir Poutine chercha à normaliser ces relations et rencontra trois fois Kim Jong-il, père et prédécesseur de l’actuel leadeur, la première fois à Pyongyang en 2000. Il fut alors le premier dirigeant russe à se rendre en Corée du Nord.

Comment la Corée du Nord est devenue une menace ?
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