Le groupe Disney vient de dévoiler Disney +, son service de vidéo à la demande par abonnement (SVOD), avec lequel il ambitionne de menacer Netflix / CAPTURE D'ECRAN SITE HULU

La plate-forme américaine Hulu comptait, il y a encore quelques mois, quatre actionnaires, mais son capital pourrait bientôt revenir aux mains d’un seul propriétaire, Disney. Le géant du divertissement, actuellement détenteur de 60 % de Hulu, est entré en discussion avec Comcast pour lui racheter les 30 % qu’il possède dans le service de streaming, a rapporté le site américain CNBC, jeudi 25 avril.

En bouclant, fin mars, le rachat de la 20th Century Fox pour 71 milliards de dollars (63,4 milliards d’euros), Disney a déjà absorbé les 30 % de parts du studio hollywoodien dans Hulu. Si ses négociations avec Comcast se révèlent concluantes, la maison mère de Disney détiendrait donc 90 % de la plate-forme. Voire même sa totalité, puisque le 16 avril, Hulu a racheté à AT&T, son quatrième propriétaire historique, les 10 % que l’opérateur télécoms détenait dans son capital. Pour contrôler à 100 % Hulu, Disney cherchera donc à s’en emparer.

Les velléités de Disney sur les parts Comcast dans Hulu ne sont pas une surprise. Le groupe vient de dévoiler Disney +, son service de vidéo à la demande par abonnement (SVOD), avec lequel il ambitionne de menacer Netflix, leader incontesté dans le secteur avec ses 149 millions d’abonnés. Disney a bon espoir d’en séduire entre 60 millions et 90 millions d’ici à 2024, en misant sur un catalogue colossal réunissant les films d’animation de Disney et de Pixar, les franchises Star Wars ou Marvel, ainsi que les productions de la Fox dernièrement rachetée.

Si l’empire dirigé par Robert « Bob » Iger rêve de mettre la main sur Hulu, c’est aussi parce qu’il projette de rassembler dans une offre groupée sa plate-forme familiale Disney +, son service de sport ESPN + et Hulu. Un bouquet à même de peser face aux catalogues alléchants de Netflix et Amazon Prime Video.

La concurrence féroce du streaming

Comcast ne cédera toutefois pas les 30 % de parts qu’il détient dans Hulu sans avoir rudement négocié. Certes, cette transaction permettrait au câblo-opérateur d’éponger en partie la lourde dette (100 milliards de dollars) héritée de son rachat du champion britannique de la télévision Sky en 2018. D’autant que Hulu a encore perdu 1,5 milliard de dollars (1,34 milliard d’euros) en 2018, après 920 millions de dollars en 2017.

Reste que le service de SVOD disponible uniquement aux Etats-Unis a vu, depuis fin 2016, sa valorisation passer de 5,8 milliards à 15 milliards de dollars, son portefeuille d’abonnés doubler, dopé par des séries comme La Servante écarlate, portée par Elisabeth Moss, ou Castle Rock, inspirée par Stephen King. Hulu totalise aujourd’hui 25 millions de fidèles.

Surtout, la chaîne NBC Universal, propriété de Comcast, prévoit, elle aussi, de lancer son service de streaming payant en 2020. En lui vendant ses parts dans Hulu, Comcast court donc le risque d’offrir à Disney une voie royale pour devenir un mastodonte de la vidéo en ligne. Et les prétendants à ce titre sont nombreux : alors que Netflix et Amazon continuent d’investir sans compter dans les productions originales, et Apple et Warner Media (AT&T) entreront dans la course à l’automne en lançant leur offre respective.