Ian Brossat lors du débat politique organisé le 11 avril par la Fédération nationale de la mutualité française. / ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

Ian Brossat n’en démord pas : avec sa liste à 50 % ouvrière, que le communiste vient de déposer, il veut que le PCF retrouve sa place. « Si je peux contribuer à redonner un peu de fierté aux militants communistes… », avance-t-il. Avec le souvenir encore vif des deux campagnes présidentielles de 2012 et 2017, derrière Jean-Luc Mélenchon, la tête de liste PCF aux Européennes ne compte plus s’effacer à une élection.

Mercredi 24 avril, dans les halles Martinot, à Rennes (Ille-et-Vilaine), M. Brossat vient présenter son programme « pour l’Europe des gens, contre l’Europe de l’argent ». Mais derrière, il y a aussi ce fol espoir de faire réexister le parti de Fabien Roussel.

Le premier débat télévisé des Européennes sur France 2 et France Inter a redonné des ailes à l’adjoint au logement d’Anne Hidalgo. Il avait alors crevé l’écran et surpris même ses concurrents par son argumentation simple et efficace. Depuis il a enchaîné les interviews où il lâche ses réparties et construit son image de gauche sans complexe. Dopés par cette éclaircie, alors que, relégués à rester dans l’ombre de la LFI, ils broyaient du noir, les militants sont partis en campagne en tentant de se déployer partout. « Il nous redonne de l’oxygène », soulignent plusieurs adhérents. Brossat joue le jeu, enchaînant trois meetings par semaine. Dans les grandes métropoles, comme ce mercredi soir, ou dans des villes plus modestes mais emblématiques de l’implantation du parti, comme Denain ou le Blanc-Mesnil, comme ceux prévus dans les semaines à venir.

Le gouvernement « n’entend pas la grande colère »

Peu importent les sondages qui lui donnent encore à 2-2,5 % des voix. « Nos arguments et les atouts de notre liste sont encore peu connus de nos électeurs. Beaucoup vont se décider dans les quinze derniers jours, avec les trois prochains grands débats télévisés », assure le communiste. D’ici là, il va déployer son programme sans tirer dans les pattes de ses adversaires à gauche, s’engage-t-il : « On est déjà très divisés, il n’est pas nécessaire d’ajouter des bisbilles à la dispersion ». Mais il avertit : « Personne ne peut jouer les gros bras », en allusion aux déclarations de Jean-Luc Mélenchon invitant la gauche à une « Fédération populaire » autour de son programme s’il est devant au soir du 26 mai.

Devant quelque 600 personnes, le candidat ne s’est en revanche pas privé de taper sur le gouvernement « qui n’entend pas la grande colère » qui s’exprime dans le pays. « Comme réponse, il veut nous imposer une journée de travail gratuit ! On a affaire à des génies », lance-t-il, faisant référence aux propositions de financement de la dépendance dans les cartons d’Edouard Philippe. Lui veut proposer « une journée du patrimoine des plus riches », soit trois milliards d’euros prélevés sur les « ultra-riches ».

Un SMIC à 1 400 euros nets

Pour Ian Brossat, il faut en finir avec la règle des 3 % et « une vie qui se dégrade dans nos territoires ruraux comme dans nos quartiers populaires ». « L’Europe des gens » que la tête de liste veut promouvoir, passe par l’harmonisation sociale avec un « SMIC européen » - pas celui de Nathalie Loiseau qui est « en dessous du seuil de pauvreté » - mais à 1 400 euros nets. Il entend aussi porter la « rupture avec la machine de guerre européenne contre les services publics » : cela passe par une « clause de non régression sociale » permettant aux gouvernements nationaux de refuser les directives de libéralisation, assène-t-il.

Enfin le communiste veut une autre utilisation de l’argent de la BCE pour financer la transition écologique, un grand plan ferroviaire, ou encore un « service public dédié à la rénovation des bâtiments ». Brossat fixe aussi un but à ses députés à faire de la lutte contre la fraude fiscale « la grande cause des parlementaires communistes ». L’élu en est persuadé : « On peut atteindre les 5 % qui nous permettront d’envoyer des députés au Parlement européen ». « Il nous reste un mois pour y arriver », conclut-il. Reste à en convaincre les électeurs.